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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 05:45


affiche-fr-Les-diamants-sont-eternelsAu service secret de sa majesté
aurait pu être fatal (à tort) pour la franchise Bond et le studio se retrouve de nouveau devant le casse tête du casting pour trouver LE nouveau James Bond. Les années 70 pointent le bout de leur nez et l’aspect British du célèbre espion ainsi que les valeurs européennes qu’il incarne sentent clairement la naphtaline selon le contexte cinématographique de l’époque. Trop sérieux, trop efficace, trop brutal, trop de style. Ohmss est à peine rentré dans ses frais…

C’est dans ce cadre morose que Cubby Broccoli lance la production des Diamants sont éternels avec une volonté première d’américaniser James Bond pour gagner le public US à sa cause. Un acteur est engagé, le scénario est travaillé à de nombreuses reprises (dans le roman original, les bad guys étaient deux frères, dans les prémices du scénario, il était même question d’un frère jumeau de Goldfinger !) mais rien n’y fait. United décide alors d’y mettre le prix et de récupérer Connery. Une offre qui restera inscrite dans le Guiness des records lui est alors faite et le salaire de 1.2 millions de dollars qui en résultera sera entièrement revrsée à une œuvre caritative qu’il aura crée. Pour s’assurer d’un travail de qualité, on rembauche Hamilton, vieux briscard de la licence, Barry pour la musique (de qui vient le fameux thème) ou bien encore Ken Adam aux décors…

 
Le résultat ? Au regret d’en écoeurer certains, je le trouve plutôt mitigé. Connery en tête n’a plus l’âge du rôle (suite à son excellente interprétation de Goldfinger et d’On ne vit que deux fois) , il s’est quelque peu empâté, il réagit moins vite mais il dégage malgré tout une certaine aura, une énergie animale qui fait merveille lors des nombreux combats de cet opus (la scène de l’ascenseur , particulièrement nerveuse et réussie, la scène avec les deux fauvettes en noir et blanc ou bien encore le final avec les deux sbires du Spectre). Les scènes d’action justement, nonobstant celles que je viens de citer, on ne peut pas dire que le grand final soit vraiment passionnant. Mal rythmé, mal filmé , même l’explosion finale n’a que peu d’envergure quand on pense à la destruction des labos jamaïcains de Dr No ou volcaniques de Blofeld.


Les courses poursuites motorisées sont ridicules. Le module lunaire ne ressemble à rien et jehttp://www.lyricis.fr/wp-content/uploads/2012/04/blofeld3a.jpg doute sincèrement qu’il puisse passer à travers un mur et rouler aussi vite sans dommage. Les motos à trois roues semblent être faites pour des enfants et le (théoriquement) grand moment dans les rues de Las Vegas n’atteint pas le côté spectaculaire de la scène de stock car d’Au service secret de sa majesté . Notez au passage que c’est de nouveau 007 qui conduit laissant de nouveau le rôle de potiche à la JBG et qui en plus, malgré les nombreux risques inhérents à ce genre d’environnement, ne semble nullement gêné (il sourit même) via le fameux plan de raccord expliquant (en nous prenant clairement pour des buses) pourquoi la voiture commence sa course sur les deux roues de gauche pour les finir sur les deux roues de droites…


Les scènes dans l’espace atteignent aussi le sommet du kitch de la SF de bas étage avec des incrustations certes parfaitement maîtrisées mais aux sfx ridicules. Après nous avoir gonflé pendant les 2/3 du film avec une sombre course aux diamants, on nous balance un satellite en aluminium avec des brillants dégageant un laser capable de tout détruire dans son sillage. Résultat final : le laser est à peine plus large qu’un stylo (les phasers de Star Trek TOS donnaient visuellement un meilleur résultat) et les explosions ne sont pas cohérentes (un cataclysme nucléaire a lieu à proximité de militaires qui ont l’air surpris…. Ah bah oui, je suis neuneu, il y en a un qui brûle quand même. Le réalisme dans tout ça, pourquoi faire ?). Piège à grande vitesse et même Meurs un autre jour ont repris le principe (parmi tant d’autres) du laser dans l’espace qui est vilain-pas-bô et cela avait une autre gueule tout de même (peut être exagéré d’ailleurs dans Meurs un autre jour…). Les sfx des années 70 ne sont pas à remettre en cause, dixit toujours Star Wars (un peu postérieur) et Star Trek (dont les films s’annoncent tranquillement).

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/63/70/81/18991413.jpgBien évidemment, un James bond , à part ses enjeux planétaires, se caractérise aussi par ses décors exotiques, ses JBG et son grand méchant. Là, c’est l’hécatombe ! De décors exotiques, on ne peut compter que sur le désert du Nevada et Las Vegas (avec détour par Amsterdam). On peut ajouter le bateau de croisière final … mais celui-ci est tourné en studio ! La plate forme pétrolière quand à elle est anecdotique da banalité. L’Orient express était à lui seul sources de nombreuses scènes mémorables et de possibilité scénaristiques. La JBG, Jill St John, est quant à elle introduite de manière ridicule, changeant de coiffure et de fringues comme d’autres de chaînes lors de la rediffusion de cette mission. Ses dialogues frisent le néant absolu (je ne m’habille pas pour des domestiques)(ils ont de la chance, entre nous) et comble du comble, elle est maladroite et incapable de se prendre en charge (la scène au lit avec Connery, la scène avec la mitraillette….). On ne peut que pleurer et invoquer ses dieux personnels de ressusciter Diana Rigg ! Quant à Abondance Delaqueue …. Mieux vaut se tourner vers Austin Powers .

La vulgarité est de mise, mais on paie un peu pour ça dans ce cas. L’américanisation tant voulue par la prod ressort ici dans ce qu’elle a de pire.


D’ailleurs s’en suit un problème de continuité extraordinaire et multiple avec ce Bond. Outre le changement de visage habituel de Félix (rendez nous Jack Lord !) , il n’est nulle part fait mention du deuil de 007 pour sa Tracy alors que la performance de Lazemby avait été admirable et forçait le respect. Connery reprend le côté insouciant et consommateur à grande échelle de chair fraîche sans autre forme de procès. On aurait pu s’attendre à plus de retenue. Cela aurait été logique. Il en va de même pour Blofeld. Quatre incarnations en 6 films, c’est 3 de trop ! Le premier acteur était en fait le dr. qui meurt abattu froidement par Bond dans Dr No. On ne voyait que ses mains et ses cheveux. Vient ensuite Donald Pleasance qui a su donner un certain charisme à Blofeld , voire une certaine fougue. S’en suit Savalas qui a réussi (sans mauvais jeu de mots) à lui donner ses lettres de noblesse : froid, efficace mais distingué et cultivé, le tout en respectant le rang qu’il voulait se donner : prestance et phrasé. Le seul regard qu’il donne à Bond avant que son acolyte ne tue Tracy suffit à résumer le personnage. Là, Charles Gray tranche trop brutalement avec les apparences jusque là imposées et en plus réussit la gageure de massacrer l’essence même du personnage. Pas de grandiloquence ni de préciosité. Blofeld s’est lui aussi américanisé. Il est devenu fade et vulgaire de surcroît. Lorsqu’il regrette que le jolie petit cul de la JBG se soit trompé de camp, on est à 10 000 lieues de l’échange courtois sur fond d’Alpes Suisses avec Tracy. D’autant plus regrettable que l’idée des sosies était assez osée mais ne reste pas exploitée.


Les deux affreux de service, gays de surcroît (il fallait oser à l'époque) sont peu intéressants malgré un mépris de la vie évident.

Au final, que reste il à sauver de ce naufrage artistique ? Le pré-générique qui est d’unehttp://cdn-premiere.ladmedia.fr/var/premiere/storage/images/cinema/films-et-seances/bandes-annonces/video/les-diamants-sont-eternels-vo/14232165-1-fre-FR/les_diamants_sont_eternels_vo_w172h136.jpg solidité et d’une efficacité à toute épreuve, que ce soit dans les brefs rencontres avec les différents indics (Connery est un animal dans ces quelques scènes, efficace et sans remords) ou dans le QG temporaire de Blofeld avec l’élimination de ce dernier. Du grand spectacle en très peu de temps mais avec déjà un regret : dans le bienvenue en Enfer de Bond, on ne ressent qu’une légère satisfaction, aucune impression de revanche vis-à-vis de Tracy…

 

Comme si Ohmss n’avait jamais existé et que l’on était passé directement d'On ne vit que deux fois aux Diamants sont éternels. Un gaspillage incroyable de possibilités folles et tellement riches et un virage qui s’amorce et qui va perdurer pendant toute l’ère Moore ou presque.

 

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