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22 mars 2014 6 22 /03 /mars /2014 02:35

http://jamesbond007.net/imagessite/moonraker.jpg« Outer Space now belongs to 007 » nous promet la jaquette. Roger Moore nous revient donc une fois encore dans le rôle de James Bond dans une aventure de type Space Opera en lieu et place de Rien que pour vos yeux pourtant annoncé au générique de fin de l’Espion qui m’aimait. N’ayant pas encore vu ce dernier, je n’effectuerais pas de comparaison (flatteuse ou non d’ailleurs). Le choix des producteurs s’explique aisément dans cette période prolifique de science fiction, qu’il s’agisse du succès phénoménal de Star Wars ou bien encore de l’affection sans cesse grandissante des aficionados pour la série déjà culte Star Trek de 1966. On cherche donc activement dans la base de nouvelles de Flemming un scénario à consonance fantastique et on exhume Moonraker, que Cubby Brocolli estime lui-même largement dépassé pour pouvoir s’inclure dans la course à la surenchère (notons qu’au final, ce Moonraker aura coûté plus cher que les six premiers Bond réunis, ce qui au vu de la qualité finale du métrage n’est pas une raison de se vanter…. Eh, oui, vous l’aurez compris, ce Moonraker n’est qu’un Bond mineur, surtout suite au classieux Espion qui m’aimait), au point de remanier complètement l’histoire pour n’en garder que le nom du bad guy principal (Drax) tout en nous recasant l’indéfectible Jaws.

Quoi de mieux pour embêter Bond entre deux parties de découvertes du monde féminin qu’un bon gros mégalomane des grands-mères ? Drax pour le coup en possède tous les attributs : il est riche à outrance, n’a que mépris pour ce qui ne l’intéresse pas (un peu comme nous d’ailleurs, quoique je ne lâche pas deux chiens d’attaque sur les gens que je n’aime pas. Mes deux lapins, à la rigueur, quand ils sont en colère. Un lapin en colère, ça peut faire mal, ne riez pas.) et à des ambitions planétaires. Stromberg ne s’était pas mouché du coude non plus mais Drax, lui se prend carrément pour Dieu, avec une station orbitale pour arche de Noé moderne (ce qui fait doucement rire quant on voit la tronche de certains de ses sous fifres, Jaws et sa copine en tête mais aussi Georges Beller. Une planète peuplée en partie avec la descendance de ce dernier…. Le cinéma à venir aurait eu des airs de Max Pécas ad vitam aeternam !) et un projet de destruction de toutes vie humaines sur la planète via un système de collier empoisonné avec des spores d’orchidée (on meurt tous, mais de manière raffinée….spas).


http://img2.generation-nt.com/dentiste-jaws-moonraker-james-bond_090190015800073762.jpgEvidemment, Drax à des moyens humains non négligeables, via entre autre un réseau d’astronautes féminines (histoire d’apporter un peu de couleur sur les paysages) et surtout un Alfred (ou Jarvis ou Niles selon votre culture) redoutablement efficace dans l’accomplissement des ordres. Ce qui nous offre au passage une très belle scène d’action ou tout un musée du verre est démoli (après s’être tapé entre deux dialogues la visite de ce dernier, on ne peut trouver que jouissif la mise à mal de pièces datant de plus de 400 ans). Le japonais est furieux et peut être mortel, mais Bond en vient évidemment à bout avec humour et flegme. Drax ne pouvant se salir les mains lui-même, on embauche sur un coup de fil Jaws, rescapé de l’opus précédent. L’idée est bonne en soi, elle démontre qu’il existe une société d’intérim pour assistants névropathes, mais au vu de ses prestations précédentes, on ne peut s’attendre qu’à du bon.

Jaws, logiquement est froid, efficace et cruel. Et muet. Et uniquement concentré sur sa tâche. Ici, les producteurs ont niaisement répondu aux nombreux courriers de fans (en culottes courtes)(sic) et ont décidé de lui faire virer sa cuti. Et pourtant ! Avec un pré générique mémorable ou Jaws se crashe dans un cirque (et en ressort indemne après avoir voulu se faire la jambe de Bond), on retrouve ce dernier sur le toit d’une cabine de périphérique (mémorable elle aussi, au vu des risques pris par les cascadeurs) où il se fait de nouveau battre et, las, tout se barre en couilles avec un Jaws survivant encore une fois mais tombant subitement amoureux. La descente aux enfers du spectateur continue avec des musiques d’ambiances totalement inappropriées. Le comble du ridicule est atteint lors de la destruction finale de la station lorsque lui et sa dulcinée (échappée de Premiers Baisers) trinque ensemble suite à un toast de Jaws. Evidemment, ils s’en sortent encore une fois, dixit un dialogue d’officiel un peu plus tard, et malgré tous ses crimes, on n’en entendra plus jamais parler. Voilà comment on pulvérise un personnage sensationnel en le faisant passer du statut de super méchant de franchise à celui de crétin type Non dans Superman II.


http://images.starpulse.com/Photos/Previews/Moonraker-movie-04.jpgPour revenir à Drax, il est regrettable d’avoir embauché pour le rôle Lonsdale. James Mason était au départ prévu mais n’était pas disponible. Le choix de Lonsdale était en soi une bonne idée mais celui-ci est si distant qu’il en est insipide, d’autant plus regrettable quand un bad guy use d’un vocabulaire châtié avec des mots comme magnuficience… Lonsdale ne jubile pas, n’exulte pas, n’est jamais extatique, ne profite d’aucune situation, totalement désabusé, comme si la fin du monde était en soi un acte normal. Un dieu vivant n’est pas forcément mort de l’intérieur, bien au contraire. Jaws est plus expressif que lui, c’est dire. Vraiment regrettable, surtout quand on pense à la folie furieuse de Walken dans Dangereusement Vôtre.


Passons maintenant à la James Bond Girl (JBG) du film, le Dr Goodhead. Une fois encore, c’est du réchauffé. On passera sur le jeu de mot amusant qui ne concerne pas Bond, celui-ci ayant tendance à se focaliser sur un niveau légèrement inférieur. L’agent infiltré chez l’ennemi et qui bien sûr appartient à la CIA… c’est simplement bon pour éviter de réintroduire Félix Leiter, un poil moins mignon (007 dans une aventure gay… pourquoi pas !). 007 a d’ailleurs une fâcheuse tendance à toujours s’associer avec ses homologues américains, ce qui casse un peu l’intrigue qui se résume souvent à l’exposition du méchant, puis alliance entre cia / mi6 car le dit malfrat intéresse les deux partis , puis résolution avec mort dudit méchant. Cela devient forcément rengaine.


La JBG ne déroge pas à la règle, dans tous les cas, elle est fade, sait donner deux coups de talons, mais innovation suprême, elle est cette fois intelligente et pas trop godiche, et ne passe pas un quart du film avec seulement un maillot sur le dos.

Les scènes d’action sont agréables et nombreuses, du moins tant que cela se passe sur terre. La course poursuite en gondole est sympathique … bien que l’on puisse parfois se demander si toutes ces embarcations peuvent se transformer en hovercraft. Il est assez regrettable d’ailleurs de clore une telle course (qui devient habituelle malgré tout dans les Bond à la sauce Moore) par des gros plans sur des chiens et des pigeons hallucinés. La séquence à proximité de la cascade et bien plus rythmée, avec un retournement inattendu via un Bond survolant littéralement la difficulté, laissant derrière lui Jaws dans une situation catastrophique … situation prenant de sévères allures de running gag à la longue , en parallèle avec la scène d’ouverture ou certains plans de L’espion qui m’aimait !


http://moviesblog.mtv.com//wp-content/uploads/movies/2012/08/Moonraker-Goodhead.jpgLa scène de combat dans l’espace, par contre, a formidablement mal vieillie. Les personnages sont empêtrés dans leurs câbles, l’ensemble est par trop statique et les sfx sont tout bonnement loupés. Broccoli aurait du se tourner vers ILM pour assurer le spectacle, comme Paramount l’a fait à de multiples reprises pour les Star Trek de l’époque. Même le film pourtant aujourd’hui désuet de Robert Wise semble aujourd’hui plus maîtrisé que cet imbroglio photonique, sans compter des bruitages parfaitement ridicules. La scène du musée était bordélique mais maîtrisée au moins.

Que reste il au final de ce Bond ? Un scénario qui se veut complexe mais qui reste prétentieux et artificiel, un méchant qui se veut mégalo et une JBG qui se veut l’égale de Bond mais qui ne restent pour l’un comme pour l’autre que des ressucées (mauvaises de surcroît) des épisodes précédent. On retiendra seulement un Moore toujours aussi dégingandé et agréable dans le rôle titre et de superbes décors (le QG, lui aussi recopié sur les autres missions, de Drax est esthétiquement réussi, tout comme son centre de contrôle ultra technologique) dont l’apparition très poétique de la station spatiale dans l’espace. Une aventure donc , qui agira sur nous comme l’environnement immédiat sur le poisson rouge : aussi vite vu, aussi vite oublié.

 

 

 

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