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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 09:00

affiche.jpgAprès le (trop) tranquille Thunderball, James Bond délaisse les intrigues mono-politiques saupoudrées de travail de taupe (propres également à Dr No,Goldfinger et Bons Baisers de Russie) pour entrer de plein pied dans les années 70 dans un contexte de guerre froide clairement exacerbé (avec pour arbitre l'Angleterre tout de même, dixit la scène de confrontation entre les politiques russes et ricains) avec une séquence d'introduction emprunte (situation heureuse ou malheureuse) de science fiction. De fait, le film débute par la digestion d'une capsule spatiale américaine par un vaisseau inconnu mais rapidement apparenté au Spectre. On passera sur la mauvaise qualité des incrustations de l'époque qui ressortent encore plus ici après la restauration de Lowry Digital et le manque de dynamisme de l'ensemble pour saluer un véritable effort scénaristique et spectaculaire. Star Wars n'en est alors qu'au stade embryonnaire et ce n'est pas la série Star Trek qui débute à l'époque seulement qui aurait pu avoir une quelconque influence. Les amoureux de la licence penseront bien sûr dans ce sens à Moonraker. S'en suit alors une scène de présentation extraordinaire nous offrant la mort de Bond, et ce, juste avant le générique habituel. Contrairement à Bons Baisers de Russie, il s'agit là en plus du vrai 007 et non pas d'un simulacre d'exécution. Pari risqué mais osé de la part de l'équipe de production, surtout dans le cadre du départ annoncé de Sean Connery qui ne voulait plus tourner de Bond.

L'autre gros point de cet opus réside dans le déplacement de l'action au Japon, ce qui permet d'avoir de nouveaux décors mais aussi une extension du contexte géopolitique national de cette époque. Le personnage de Bond se voit également beaucoup plus développée avec une aisance à peine surprenante dans la langue de Naruto (ok, ok, le raccourci est vertigineux, voire même peu approprié mais rien d'autre ne me vient à l'esprit). Le Japon reste une excellente idée pour l’unité de lieu de la quasi-totalité du film. De plus, celui-ci est tourné de manière à opérer une lente régression (ou évolution, c’est selon) dans l’univers très moderne habituellement propre à 007.

Les scènes clefs se déroulent tout d’abord dans une atmosphère quasi industrialisée avec de grands ensembles industrialo-1commerciaux et de belles voitures modernes établissant furieusement le parallèle avec l’ex Austin Martin : coupé sport nerveux et deux place. On se laisse ensuite emporter vers le port pour enfin connaître les joies de la vie du pêcheur traditionnel.

Une évolution dans le déroulement de l’histoire tout à fait justifiable, nonobstant le site opposé et extrêmement complexe du spectre. Depuis Dr No, chaque QG représente un petit plaisir en soi. Dans le 1er opus, il est difficile d’oublier la grande salle au dôme circulaire ou les quartiers souterrains / sous marins de toute beauté. Bons Baisers de Russie permet au Spectre de dévoiler son organisation redoutablement efficace, véritable métempsycose maléfique du MI-6. Goldfinger aura également relevé le défi avec le briefing basé sur la maquette de Fort Knox. Enfin, Thunderball et son Disco Volente se maintenait dans la moyenne (comment Young a-t-il pu ainsi négliger un tel ressort scénaristique et aussi spectaculaire ? Quand on repense au final et à la séparation inattendue des coques ! Quelle regrettable erreur…)

On ne vit que deux fois enterre définitivement ses prédécesseurs avec son QG (aussi cher à lui tout seul que la totalité de la prod de Dr No !) installé au cœur d’un volcan, parfaite représentation picturale du Spectre : calme et discret à l’extérieur mais toujours en mouvement et représentant en permanence une menace potentielle.


L’ouverture via le lac artificiel, bien que devenue un véritable cliché aujourd’hui (quel plus belle reconnaissance ?) est une idée extrêmement novatrice pour l’époque. C’est là qu’on se rend bien compte que les 60/70 et même 80’s dans une moindre mesure sont les années reines de l’espionnage (et des films en découlant). Un tel subterfuge serait aujourd’hui décelé en quelques minutes. D’ailleurs la complexité des derniers Bond est une conséquence directe de cette ère informatique qui est la nôtre.


2Néanmoins, les systèmes d’ouverture / fermeture servent parfaitement l’action, rendant l’endroit maudit pour les autochtones (hommage à Dr No ?) et source de très bonnes scènes pour les spectateurs (dixit l’attaque finale des Ninjas). Les gadgets dans ce Bond sont peu nombreux mais mémorables. Au Jet Pack poudre aux yeux et vraiment peu pratique de Thunderball (qui reste un bon film, mais un peu lent, à mes yeux) succède ici la « petite Nelly » , joyau d’inventivité et à l’origine d’une des plus belles scènes d’action aérienne de la licence. On appréciera également le bureau à rayons X, le pont suspendu au dessus du bassin des piranhas ou encore le camp d’entraînement Ninja alliant modernité et tradition avec une fois encore, une organisation parallèle au Mi 6.


Drôle de vaudeville que ces trois structures effectuent autour de 007 : ce dernier appartient au Mi-6 , est prêté au Japon tandis que le Spectre lui court après…. Ce qui n’empêche pas Connery de oucher avec leurs représentantes féminines, quelque soit leur appartenance ! N’oubliant pas , bien sûr le Tigre, acteur fondamental de l’action de cet épisode. Pour le fun, on relevèra que lorsque Bond se fait Whooper, son arrivée semble aussi douloureuse que pour trois espionnes bien connues de la jeunesse d’aujourd’hui…. Autre élément que l’on retrouvera toujours avec bonheur dans la franchise (et déjà amorcé avec le « Oh ! Non pas lui ! » de Thunderball) le passage éclair de Q qui à lui seul allège une atmosphère assez tendue.

Les Bond girls de cet opus sont aussi une première. De Monney Penny à Domino, toutes les filles principales de la saga répondaient au modèle WASP. Là, elles sont japonaises et très efficaces et espionnes de surcroît. La seule qui commet d’ailleurs une erreur fatale reste de type occidentale, comme pour signifier que cette région du monde n’est pas forcément parfaite…. Même si elle a produit Bond, archétype du mâle invincible. Fort de cette implication heureuse, les adjuvants de Bond changent quelque peu aussi, orientation géopolitique oblige. Terminé la CIA et Félix, oubliés les transfuges de l’Est et bonjour aux ninjas , parangon de ce que devrait être lez bon espion : athlétique, polyvalent, froid et discipliné. Bond en subira l’entraînement , ce qui pourra être une facette supplémentaire à son personnage (en oubliant cette affreuse perruque et son maquillage).

Enfin, ce film reste dans les annales comme première révélation de l’interprète de Blofeld (qui aura connu quelques problèmes3 de casting, dixit les bonus) via Donald Pleasence alors auréolé du succès de la Grande évasion et de La plus grande histoire jamais contée. L’attente a été longue, la quasi-totalité du film se déroulant sans lui physiquement et sa présence à l’écran étant finalement assez courte compte tenu de son influence dans les films précédents. Passé l’incohérence du physique par rapport aux romans originaux, on reste heureux de la prestation de Pleasence , tout à fait dans le ton, et encore loin du rôle du Dr soignant un certain Mike Myers dans une autre licence fameuse à venir.

La froideur et l’inhumanité sont parfaitement assumées puisqu’il n’hésite pas à tout sacrifier pour s’échapper vivant, reniant de fait tous les préceptes fondamentaux du Spectre qu’il a lui-même fondé : en cas d’échec, la sentence est sans appel. Blofeld, pourtant, faute de ne pas avoir éliminé Bond alors que l’occasion directe s’était présentée à plusieurs reprises, n’aurait pas dû en réchapper.


3Au final donc, un bon cru alternant entre une bonne scène d’introduction (le fait que Bond en sorte indemne n’est quand même jamais clairement expliqué. Le principe de la mise en scène ne justifie pas tout et la publication de la photo de Bond dans tous les journaux alors qu’il n’est qu’un capitaine de frégate, n’est pas cohérente) et de bonnes scènes d’action, le tout basé sur un scénario intelligent. Gilbert trouve sa place de réalisateur (Vivre et laisser mourir et Moonraker sont également de lui) et s’amuse à grands renforts de plans larges, plongées et autres gros plans avec un Connery au sommet de sa maturité d’acteur de 007 (entre deux âges, alternant avec bonheur l’efficacité cynique et le machisme séducteur). Quelques temps morts restent à souligner lors des scènes dans l’espace qui ont tendance à être identiques. Toutefois, on passe un bon moment et le semi échec (pour moi) de Thunderball (qui sans ses prédécesseurs n’aurait pas eu l’aura et le succès qu’on lui connaît) est largement rattrapé.

 

 

 

 

007 - On ne vit que deux fois (You only live twice)

 

1967 - MGM / United Artists

Réalisateur: Lewis Gilbert

Acteurs :sean Connery, Tetsuro Tamba ....

Genre : Espionnage

 

Disponible en dvd et en Bluray sans compter de multiples éditions et coffrets ^^

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