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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 05:33

afficheClint est accroché au Western comme les super héros au spandex. Il a commencé sa carrière par un show TV du nom de Rawhide (qui arrivait à point nommé après de multiples apparitions dans des nanars d’Universal) possédant son lot de canassons et de vieilles pétoires, ce qui lui permit de taper dans l’œil de Sergio Léone pour ensuite se faire connaître sur la scène internationale dans la trilogie de l’homme sans nom (Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus, Le bon, la brute et le truand).


S’en suivra un petit bonhomme de chemin marqué par d’autres productions du même genre avec plus (l’homme des Hautes plaines , Josey Wales hors la loi, Pale rider…) ou moins (le soporifique Joe Kidd) de bonheur.


On passera sur la série des Harry pour noter tout de même un ultime clin d’œil au genre avec le mésestimé Bronco Billy, bluette agréable et pleine d’humanité et de bon sentiments qui alterna à l’époque avec le bruyant Firefox (un moyen de se ressourcer en somme).


Jusque là, pas de problème, à part avec Honkytonk Man (les ricains ont vraiment de la merde dans les yeux, c’est pas peu dire), Clint a réussi tous ses paris, jusqu’à marcher au box office avec deux films ayant un singe pour partenaire (Ca va cogner et Doux, dur et dingue). C’est donc que le Eastwood dégage quelque chose quand même !


Arrive alors Unforgiven dont le titre original reste tout de même plus explicite que sa traduction française (décidément, l’hexagone se conforte dans sa bêtise, puisque nous ayant déjà massacré la fin de l’Homme des Hautes plaines). Ce film est parfait , maîtrisé de bout en bout et scénaristiquement inattaquable.


On commence le film sur une petite maison perdue avec enclos et arbre à tombe tandis qu’un petit texte nous explique ce qu’il en est. Et arrive l’homme sans nom des débuts mais ici fatigué et buriné au possible avec des mioches (adorables, c’est sûr… pas un ado des années 2000 en tout cas). Le personnage a réussi l’exploit de se caser, de s’humaniser, de s’intégrer à la société en élevant cahin-caha ses cochons et en se ripant les rouages de survie élémentaire au nom d’une renonciation à la violence.

 

Et il s’appelle Bill Munny.

 

3On passe ensuite à un bordel d’une ville voisine (pas tant que ça si on regarde le temps qu’il a fallu à nos vieux cowboys pour la rejoindre, ce qui me permet de dire que le tracas de la vieillesse bouffant son héros date de cette période, puisque suivront dans le désordre Space Cowboys, Créance de sang, Million Dollar Baby, Les pleins pouvoirs, Dans la ligne de mire…) ou une partie de jambes en l’air finit façon Elm Street au détriment des plus démunies que sont les prostituées.


Mais les gazelles de l’Ouest, véritable petite communauté solidaire, fomentent leur vengeance et déposent une prime de 1000$ sur la tête de nos juvéniles bandits. S’en suit le retour de vieilles alliances mais aussi de course à l’argent pour cette dernière, nous offrant l’un des meilleurs finals de western de l’histoire du cinéma.
Voilà pour ce qui est de l’histoire (vision réductrice pour cette masterpiece mais suffisante pour vouloir voir de quoi il s’agit).


Au-delà de l’histoire, d’une complexité plus sous entendue qu’il n’y paraît (le tout ne se résumant tout de même pas à je me suis casé mais un sordide fait divers va faire ressurgir la bête en moi), Eastwood possède des pions imparables.
Le casting, d’abord, véritable monument dont devraient s’inspirer les Sodderberg et consort. Pour obtenir un bon film, il ne suffit pas de réunir des stars du moment, aussi faut il qu’elle possèdent un réel talent (Tarantino l’a bien compris, qu’il s’agisse de réunir des gueules avec Reservoir Dogs ou un cast de vedettes internationales comme avec Kill Bill ou bien encore des vieux de la veille avec Pulp Fiction ou Jacky Brown). Ici, Eastwood y parvient sans peine, mettant en place une collaboration qui ne se démentira pas avec les années qu’il s’agisse de Freeman ou d’Hackman.


Tous ces acteurs sont étonnants, de véritables exemples pour la génération d’aujourd’hui et qui réussissent l’exploit de 2paraître crédibles et convaincants sur cet exercice de style (on ne peut que repenser au ridicule jeu d’acteur de DiCaprio ou de Sharon Stone dans Mort ou vif car même une parodie se doit de respecter ses références, n’est pas Leslie Nielsen qui veut.), démontrant tous les côtés obscurs du personnage d’Eastwood.


Freeman maîtrise son rôle parfaitement dans un Far West peu ouvert à l’acceptation raciale. Parfait pendant d’Eastwood, puisqu’ayant eu un passé similaire mais refusant de remettre en cause sa rédemption pour une sombre histoire de vengeance. Tout ce que Munny aspirait à être et qu’il va balayer d’un trait quand cet aspect positif de sa personnalité sera anéanti par ce qu’il déteste le plus.


Harris, mémorable Dumbledore en puissance (Gambon s’en sort bien aussi, mais je le préfère largement dans Layer Cake) propose un Munny perverti mais fallacieux, se bâtissant un personnage de fiction et provocateur en diable avec ses pulsions royalistes. Ce chasseur de prime est joué tout en finesse et on souffre de le voir maltraité par Hackman, car malgré ses défauts, il restait au demeurant rafraîchissant et sympathique.


Hackman, incroyable shérif de cette ville de fous, représente le Munny dans sa splendeur. Lui aussi aspire à une vie normale, construisant sa maison et s’amusant des déboires de ses concitoyennes mais a conservé toute la perversité et la barbarie de l’homme sans nom, en la multipliant à la puissance 100. L’aspect le plus redoutable donc, car une fois aculé ou simplement pour se défouler, il est prêt à massacrer (Harris) ou à tuer (Freeman).


L’apprenti assassin quant à lui renvoie à un Munny débutant et idéaliste, le tout étant bien sûr d’avoir les tripes d’assumer ce genre de job, ce dont se révèlera bien incapable le gosse en question, nous offrant la meilleure scène du film, quand Eastwood et lui discute du meurtre des toilettes (Prendre une vie, c’est prendre tout ce qui va avec, le passé, le présent et le futur).


1Eastwood est la cerise de tout cela, puisque condensé de tous les Munny qu’il retrouvera tout au long du film, qu’il soit fidèle à ses nouvelles convictions (touchante scène où il s’entraîne au revolver ou lorsqu’il monte à cheval sur sa rossinante), où qu’il renoue avec ses anciens démons (quand il exécute Hackman désarmé et qu’il menace de détruire la ville , ses habitants et leur famille à la fin du métrage).


Le talent d’Eastwood n’est plus à démontrer quand il s’agit de manier la caméra. Qu’il s’agisse de nous faire cavaler à ses côtés dans de vastes paysages, de nous faire partager les problèmes de l’âge et de la prise de conscience de Freeman dans le guet-apens, de nous montrer la simplicité non assumée des ses persos à travers des prises de vues bucoliques ou bien encore quand le temps et le climat s’adaptent aux humeurs et à la mentalité de son héros crépusculaire (Début du film à l’aube, fin du film de nuit sous l’orage puis retour aux sources mais à la tombée de la nuit).


La musique joue aussi son rôle et le vieil Harry y a d’ailleurs apposé sa patte pour celle du début au moins. Sachant être simple, parfois discrète, elle reste efficace de bout en bout. Aucune critique à faire. Rien à redire. Tout y est. Drame, humour, destinée, cruauté et rédemption.


Un chef d’œuvre incontournable.

 

 

 

 

Impitoyable (Unforgiven)

 

1992 - Warner Bros

Réalisateur : Clint Eatswood

Acteurs : Clint Eastwood, Morgan Freeman, Gene Hackman....

genre : Western Crépusculaire

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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 09:00

train-des-epouvantes.jpgFilm réalisé avec deux francs six sous, ce petit bijou reste inclassable. Partagé entre film à sketches et thriller horrifique, le final peut prêter à sourire quand on voit de quoi est faite la mort. (Les Oscar en plastique vendus avec les coffrets « il était une fois la vie » étaient plus réalistes !) C’est sans compter sur un casting déjà impressionnant de nos jours (P. Cushing, D. Sutherland, Christopher et Bernard Lee et l’ineffable Michael Gough rajeuni d’une trentaine d’années enfin débarrassé de ses vieilles chauves souris et autres Joker à double face) et surtout des historiettes prenantes dans la veine des contes de la Crypte.

L’histoire est simple au possible : quelques types voyagent dans une voiture à destination d’une ville dont j’ai oublié le nom en compagnie d’un homme mystérieux leur proposant de leur dire leur avenir. Il se révèlera que la mort est au bout du chemin pour chacun d’eux. Par le biais d’un moyen métrage propre à leur vie, on peut ainsi se rendre compte qu’ils sont loin d’être entièrement blancs mais pas tout à fait noirs non plus. Quoique…

On trouvera en vrac une histoire de loup Garou, de Vaudou et de plantes un peu folles et homnivores … Et 2pourtant, dans ce panel de classiques de l’horreur à la Hammer (dont Lee et Cushing ont fait la renommée via Dracula et autre Chien des Baskerville pour ne citer que les plus célèbres), c’est l’histoire la moins convenue qui se révèle la plus prenante (Sutherland et sa Vampirella permettant au film de se clore sur une note d’humour et d’horreur appréciable et rééquilibrant le niveau avec les premiers sketches) . L’histoire de ce critique d’art (Christopher Lee) poussé au meurtre après avoir été tourné en ridicule par un artiste (M. Gough) qu’il descendait en flèche est surprenante et rafraîchissante … et bien plus efficace que tous les films récents où des blondasses (ou brunasses) gueulent à gorge(s) déployée(s) dès qu’elles voient une ombre bouger (En vrac : Scream, Souviens toi…., Freddy contre Jason, Jason X et autres Urban Legend 22 et Sex Crimes 48) .

1Le jeu des acteurs va du minimum syndical (pour l’histoire vaudou) au bon (Sutherland, Lee) au très bon pour C. Lee, M. Gough et Peter Cushing qui bien qu’apparaissant peu à l’écran vampirise à lui seul l’image lorsqu’il est présent. Pour ne rien gâcher les couleur sont assez rétro (vu l’âge et la rareté du film, 3 sources différentes ont été nécessaires rien que pour presser le dvd !) et la photo est remarquable. Le film dans son ensemble est cheap bien qu’il s’en dégage un petit goût de perfection et de revenez-y faisant passer la Guerre des Mondes de Spielberg pour un pub de jeux vidéos sans âme. Car le problème avec les effets spéciaux aujourd’hui reste que l’on en prend plein les yeux mais sans pour autant vibrer de l’intérieur et depuis Jurassic Park, Spielberg ne semble plus parvenir à mélanger ces deux principes avec bonheur au contraire d’un Peter Jackson jusqu’à présent toujours inspiré. Le train des épouvantes : que du bon en somme (carton pâte et bons acteurs, suffisamment crédible pour qu’on pardonne jusqu’à des chauves souris en peluche !)

 

 

 

 

Le train des épouvantes (Dr. Terror's House of Horrors)

 

1966 - Amicus

Réalisateur : Freddie Francis

Acteurs : Peter Cushing, Christopher Lee, Donald Sutherland....  

Genre : Horreur / Film à sketchs  

 

Disponible en dvd

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 09:00

affiche.jpgAprès le (trop) tranquille Thunderball, James Bond délaisse les intrigues mono-politiques saupoudrées de travail de taupe (propres également à Dr No,Goldfinger et Bons Baisers de Russie) pour entrer de plein pied dans les années 70 dans un contexte de guerre froide clairement exacerbé (avec pour arbitre l'Angleterre tout de même, dixit la scène de confrontation entre les politiques russes et ricains) avec une séquence d'introduction emprunte (situation heureuse ou malheureuse) de science fiction. De fait, le film débute par la digestion d'une capsule spatiale américaine par un vaisseau inconnu mais rapidement apparenté au Spectre. On passera sur la mauvaise qualité des incrustations de l'époque qui ressortent encore plus ici après la restauration de Lowry Digital et le manque de dynamisme de l'ensemble pour saluer un véritable effort scénaristique et spectaculaire. Star Wars n'en est alors qu'au stade embryonnaire et ce n'est pas la série Star Trek qui débute à l'époque seulement qui aurait pu avoir une quelconque influence. Les amoureux de la licence penseront bien sûr dans ce sens à Moonraker. S'en suit alors une scène de présentation extraordinaire nous offrant la mort de Bond, et ce, juste avant le générique habituel. Contrairement à Bons Baisers de Russie, il s'agit là en plus du vrai 007 et non pas d'un simulacre d'exécution. Pari risqué mais osé de la part de l'équipe de production, surtout dans le cadre du départ annoncé de Sean Connery qui ne voulait plus tourner de Bond.

L'autre gros point de cet opus réside dans le déplacement de l'action au Japon, ce qui permet d'avoir de nouveaux décors mais aussi une extension du contexte géopolitique national de cette époque. Le personnage de Bond se voit également beaucoup plus développée avec une aisance à peine surprenante dans la langue de Naruto (ok, ok, le raccourci est vertigineux, voire même peu approprié mais rien d'autre ne me vient à l'esprit). Le Japon reste une excellente idée pour l’unité de lieu de la quasi-totalité du film. De plus, celui-ci est tourné de manière à opérer une lente régression (ou évolution, c’est selon) dans l’univers très moderne habituellement propre à 007.

Les scènes clefs se déroulent tout d’abord dans une atmosphère quasi industrialisée avec de grands ensembles industrialo-1commerciaux et de belles voitures modernes établissant furieusement le parallèle avec l’ex Austin Martin : coupé sport nerveux et deux place. On se laisse ensuite emporter vers le port pour enfin connaître les joies de la vie du pêcheur traditionnel.

Une évolution dans le déroulement de l’histoire tout à fait justifiable, nonobstant le site opposé et extrêmement complexe du spectre. Depuis Dr No, chaque QG représente un petit plaisir en soi. Dans le 1er opus, il est difficile d’oublier la grande salle au dôme circulaire ou les quartiers souterrains / sous marins de toute beauté. Bons Baisers de Russie permet au Spectre de dévoiler son organisation redoutablement efficace, véritable métempsycose maléfique du MI-6. Goldfinger aura également relevé le défi avec le briefing basé sur la maquette de Fort Knox. Enfin, Thunderball et son Disco Volente se maintenait dans la moyenne (comment Young a-t-il pu ainsi négliger un tel ressort scénaristique et aussi spectaculaire ? Quand on repense au final et à la séparation inattendue des coques ! Quelle regrettable erreur…)

On ne vit que deux fois enterre définitivement ses prédécesseurs avec son QG (aussi cher à lui tout seul que la totalité de la prod de Dr No !) installé au cœur d’un volcan, parfaite représentation picturale du Spectre : calme et discret à l’extérieur mais toujours en mouvement et représentant en permanence une menace potentielle.


L’ouverture via le lac artificiel, bien que devenue un véritable cliché aujourd’hui (quel plus belle reconnaissance ?) est une idée extrêmement novatrice pour l’époque. C’est là qu’on se rend bien compte que les 60/70 et même 80’s dans une moindre mesure sont les années reines de l’espionnage (et des films en découlant). Un tel subterfuge serait aujourd’hui décelé en quelques minutes. D’ailleurs la complexité des derniers Bond est une conséquence directe de cette ère informatique qui est la nôtre.


2Néanmoins, les systèmes d’ouverture / fermeture servent parfaitement l’action, rendant l’endroit maudit pour les autochtones (hommage à Dr No ?) et source de très bonnes scènes pour les spectateurs (dixit l’attaque finale des Ninjas). Les gadgets dans ce Bond sont peu nombreux mais mémorables. Au Jet Pack poudre aux yeux et vraiment peu pratique de Thunderball (qui reste un bon film, mais un peu lent, à mes yeux) succède ici la « petite Nelly » , joyau d’inventivité et à l’origine d’une des plus belles scènes d’action aérienne de la licence. On appréciera également le bureau à rayons X, le pont suspendu au dessus du bassin des piranhas ou encore le camp d’entraînement Ninja alliant modernité et tradition avec une fois encore, une organisation parallèle au Mi 6.


Drôle de vaudeville que ces trois structures effectuent autour de 007 : ce dernier appartient au Mi-6 , est prêté au Japon tandis que le Spectre lui court après…. Ce qui n’empêche pas Connery de oucher avec leurs représentantes féminines, quelque soit leur appartenance ! N’oubliant pas , bien sûr le Tigre, acteur fondamental de l’action de cet épisode. Pour le fun, on relevèra que lorsque Bond se fait Whooper, son arrivée semble aussi douloureuse que pour trois espionnes bien connues de la jeunesse d’aujourd’hui…. Autre élément que l’on retrouvera toujours avec bonheur dans la franchise (et déjà amorcé avec le « Oh ! Non pas lui ! » de Thunderball) le passage éclair de Q qui à lui seul allège une atmosphère assez tendue.

Les Bond girls de cet opus sont aussi une première. De Monney Penny à Domino, toutes les filles principales de la saga répondaient au modèle WASP. Là, elles sont japonaises et très efficaces et espionnes de surcroît. La seule qui commet d’ailleurs une erreur fatale reste de type occidentale, comme pour signifier que cette région du monde n’est pas forcément parfaite…. Même si elle a produit Bond, archétype du mâle invincible. Fort de cette implication heureuse, les adjuvants de Bond changent quelque peu aussi, orientation géopolitique oblige. Terminé la CIA et Félix, oubliés les transfuges de l’Est et bonjour aux ninjas , parangon de ce que devrait être lez bon espion : athlétique, polyvalent, froid et discipliné. Bond en subira l’entraînement , ce qui pourra être une facette supplémentaire à son personnage (en oubliant cette affreuse perruque et son maquillage).

Enfin, ce film reste dans les annales comme première révélation de l’interprète de Blofeld (qui aura connu quelques problèmes3 de casting, dixit les bonus) via Donald Pleasence alors auréolé du succès de la Grande évasion et de La plus grande histoire jamais contée. L’attente a été longue, la quasi-totalité du film se déroulant sans lui physiquement et sa présence à l’écran étant finalement assez courte compte tenu de son influence dans les films précédents. Passé l’incohérence du physique par rapport aux romans originaux, on reste heureux de la prestation de Pleasence , tout à fait dans le ton, et encore loin du rôle du Dr soignant un certain Mike Myers dans une autre licence fameuse à venir.

La froideur et l’inhumanité sont parfaitement assumées puisqu’il n’hésite pas à tout sacrifier pour s’échapper vivant, reniant de fait tous les préceptes fondamentaux du Spectre qu’il a lui-même fondé : en cas d’échec, la sentence est sans appel. Blofeld, pourtant, faute de ne pas avoir éliminé Bond alors que l’occasion directe s’était présentée à plusieurs reprises, n’aurait pas dû en réchapper.


3Au final donc, un bon cru alternant entre une bonne scène d’introduction (le fait que Bond en sorte indemne n’est quand même jamais clairement expliqué. Le principe de la mise en scène ne justifie pas tout et la publication de la photo de Bond dans tous les journaux alors qu’il n’est qu’un capitaine de frégate, n’est pas cohérente) et de bonnes scènes d’action, le tout basé sur un scénario intelligent. Gilbert trouve sa place de réalisateur (Vivre et laisser mourir et Moonraker sont également de lui) et s’amuse à grands renforts de plans larges, plongées et autres gros plans avec un Connery au sommet de sa maturité d’acteur de 007 (entre deux âges, alternant avec bonheur l’efficacité cynique et le machisme séducteur). Quelques temps morts restent à souligner lors des scènes dans l’espace qui ont tendance à être identiques. Toutefois, on passe un bon moment et le semi échec (pour moi) de Thunderball (qui sans ses prédécesseurs n’aurait pas eu l’aura et le succès qu’on lui connaît) est largement rattrapé.

 

 

 

 

007 - On ne vit que deux fois (You only live twice)

 

1967 - MGM / United Artists

Réalisateur: Lewis Gilbert

Acteurs :sean Connery, Tetsuro Tamba ....

Genre : Espionnage

 

Disponible en dvd et en Bluray sans compter de multiples éditions et coffrets ^^

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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 05:30

affiche.jpgJean Philippe partait d'un postulat de départ interessant : que serait le monde si Johnny n'avait pas existé autrement que sous la carapace de Jean Philippe Smet?


On pouvait légitimement s'attendre à une sorte de paradoxe uchronique sympathique avec un Luccini un poil plus sobre que d'habitude vu la caractéristiques demandées par son rôle.

Au final?

Le film est amusant et tout fan de Johnny pourra y trouver son compte. Les non fans, dont je fait partie, se surprennent pour leur part à sourire de temps à autre. Johnny réalise une bonne performance, Luccini est très bien et sait jouer sur la corde sensible d'un personnage totalement déphasé. Antoine Duléry, second couteau surutilisé (avec raison d'ailleurs) s'en donne à coeur joie dans la caricature.


Côté scénario, le spectateur a droit à quelques pépites, tournant évidemment autour de la reconstruction du mythe de Johnny (essais vestimentaires, 1ère rencontre dans le bowling....) mais le point fort reste evidemment dans le traitement de la vie de famille d'un côté et de l'autre pour notre nouveau sliders et pour Johnny qui s'amuse visiblement lorsqu'il redécouvre sa vie.

Pourtant, la sauce ne prend pas tout à fait et il reste quelques lourdeurs. On citera pour l'exemple l'explication (trop) rapide du pr Nimbus de service afin d'éclaircir le problème de changement d'univers au plus vite pour les néophytes. Des films comme Un jour sans fin où le très bon Pleasantville ne se sont même pas arrêtés au problème, partant du principe que le spectateur accepterait d'emblée l'univiers qui lui était proposé.


La fin pose également problème. Pour ne pas tout dévoiler, comment se peut-il que Johnny l'appelle dans ce monde 1en lui demandant si tout va bien alors que lui même ne peut scénaristiquement parlant pas faire la relation entre ses univers parallèles qui se révèlent au nombre de trois (pour le moment). Si Luccini doit se prendre un coup de minuteur archaïque dans le pif à chaque fois qu'il veut tenter de retrouver son monde, on ne s'en sortira pas.

Le film est également trop court, tout ça est emballé à la va-vite... Du moment où Jean Philippe participe au popstars local (très bons kaméos de Poelvorde et de Mia Frye au passage) , le scénario s'emballe et classe tout en 20mn.

 

Terminé l'approfondissement du personnage et bonjour les effets pyrotechniques. 30 mn supplémentaires auraient été les bienvenues.

C'est essentiellement pour ces motifs qu'on passe à côté d'un bon film familial qui ne se prend pas la tête à un téléfilm de luxe qui sera (multi)diffusé par TF1 pour de futurs Noël.

Dommage.

 

 

 

 

Jean Philippe

 

2006

Réalisateur : Laurent Tuel

Acteur : Johnny Hallyday, Fabrice Luchini....

Genre : Comédie fantastique

 

Dispo en plusieurs éditions dvd

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 08:00

 affiche.jpgWishmaster…. Encore un boogey man aux débuts plus qu’intéressants qui finira mal faute d’un producteur vraiment impliqué et d’un réalisateur vraiment performant.

Produit à l’origine par Wes Craven, ce Djinn s’est vu d’emblée proposer une mythologie propre et surtout crédible avec ses forces et ses faiblesses, mais aussi ses limites. Un Nemesis parfait fut aussi mis en place en la divinité d’Ahura Mazada qui se paye le luxe de ne jamais être présent lors de ces deux premiers opus si ce n’est sous la forme d’une statue renfermant l’opale de feu qui retient prisonnier notre méchant du jour (c’est toujours mieux que dans les épisodes 3 et 4 où intervient l’un des 4 archanges du christianisme pour aider l’héroïne).

.Suite au premier opus, le succès aidant, une grosse partie de l’équipe s’est mise d’accord pour tourner une suite. On retrouve donc Andrew Divoff dans ce qui reste assurément son meilleur rôle, tant il paraît se faire plaisir à jouer les démons (attention, il ne cabotine pas, ou si peu , mais de manière toujours convaincante face à son personnage : regards en dessous, peau grêlée, sourires carnassiers….), ce qui est une bonne chose tant il reste sous employé dans l’industrie actuelle de la tv et du cinéma (terroriste dans Air Force One, second couteau dans des soap style Highlander…..). Wes Craven n’est plus à la production mais le projet reste dans SA famillle de l’horreur puisque la réalisation est confiée à Jack Sholder (La revanche de Freddy entre autre). La blonde de service a cependant été remplacée par une brune (Holly Fields) qui est loin d’être une nunuche puisque tuant déjà un père de famille dans les cinq premières minutes. On en restera là pour les éléments principaux du casting afin de justement se concentrer sur le scénario.

Une chose est claire, rien ne vaudra le début tonitruant de Wishmaster 1er du nom. Eclairages , sfx et tension de l’histoire étaient exploitées d’office à leur paroxysme pour se retrouver en écho à la fin du métrage (et permettre à l’équipe maquillage de se lâcher sur les manifestations du pouvoir du Djinn : squelettes prenant leur indépendance, hommes serpents, statues vivantes et j’en passe tant leur imagination était débordante !).


1Ici, tout commence par un banal braquage de musée qui tourne mal (l’héroïne perd son petit ami qui a dessoudé trois vigiles et tue le dernier à son tour avant de prendre la fuite). On retrouve évidemment la statue chère à Robert Englund et se pose déjà une question : que fait elle ici , dans une salle apparemment dépourvue de thématique sur la perse antique ou sur les déités ? Vu l’affection que portait Englund à ses dieux oubliés , on est en droit de se poser la question… Ensuite, l’opale de feu sauve l’héroïne d’une mort certaine en arrêtant la balle qui lui était destinée. Néanmoins, celle-ci ne l’a jamais directement touché (port de gants entre autre). Dans le premier, la blonde avait au moins essayé de la nettoyer en soufflant dessus, renforçant l’idée de lampe magique sous jacente. Dans le tome 2, il faut croire que l’on a besoin de raccourci….

Et c’est malheureusement ce manque de cohérence (budget plus limité ?) qui va nuire à l’ensemble des deux films. Le Djinn, une fois libéré, doit réaliser plusieurs souhaits afin de se renforcer et d’augmenter son pouvoir mais pour prendre forme humaine, il doit arracher un visage sur une victime Or, ici, il apparaît sous la même forme que dans le premier film. Pourtant, tous les évènements du 1er opus se sont retrouvés annulés via un vœu assez sournois, donc le Djinn n’aurait jamais pu prendre le visage du cadavre à la morgue. Or, ici, pas de visages d’arrachés, Divoff est directement disponible (il faudra attendre le massacre du maton pour que cette histoire de mutilation soit de nouveau introduite). S’en suit , suite à l’obligation de récolter 1001 âmes (les Arabian Nights ne sont pas loin, sic), une partie intéressante en prison puis … à Las Vegas qui jure encore une fois furieusement avec les bases préétablies et les suites à venir .

 

Dans les trois autres films, une dizaine d’âmes suffisent en général pour que le Djinn soit en position de force face à 3l’éveilleur , là , force est de reconnaître qu’on s’ennuie souvent durant ces trois premiers quart d’heure…. qui restent indispensables pour que la brunette et son copain curé (cliché quand tu nous tient) puissent mener leur enquête et trouver dans un livre (d’apparence neuve) et sur in Internet alors balbutiant tout ce qu’il faut en prophéties et autres formules incantatoires pour se débarrasser d’un ennemi vieux comme le monde. On garde évidemment pendant ce temps les nombreux flashs télépathiques nécessaires pour relier le monstre à son ancrage mortel. La fin du Djinn, quand à elle, frise le ridicule avec le retour de la pureté de Fields suite à un de ses vœux (qui devrait donc la faire pencher encore plus sur la voie de la souillure, mais bon, ne mégotons pas) entraînant une porte de sortie pour les 1001 âmes et le cureton (les âmes réintègrent leurs corps et hop ! tout ce petit monde revient à la vie. Vu le massacre final à Las Vegas, certains ressuscités vont avoir du mal à retrouver une vie sociale….).

Passé les aberrations du scénario de base, il faut néanmoins reconnaître que les vœux en eux-mêmes sont toujours2 aussi jouissifs. Moins spectaculaires mais tout aussi tordus (voir plus) que dans le premier opus, on passe là un excellent moment, la prison n’étant pas avare de bons gags de ce côté. Ayant la correction de ne pas en dévoiler trop afin de garder la surprise intacte pour ceux qui seraient tentés, on citera juste la sodomie imposée à un avocat au moment où celui-ci explique à son client qu’il a trouvé un vice de procédure propre à le faire sortir légalement….

Le maquillage du Djinn a lui aussi été revu pour une plus grande réussite néanmoins. Plus organique, moins d’apparence plastique type méchant de Powers Rangers , il dégage encore plus de charisme et d’aura malfaisante que dans premier film. Le regard a aussi été très travaillé (ce qui entraînera certains problèmes pour son interprète qui ne supportait pas ces lentilles) et est beaucoup plus expressif.


 Au final, la vision de ce film bancal malgré tout reste source d’un certain plaisir pour les fans du premier opus et une piqûre de rappel indispensable suite à la vision désastreuse du volume 3 et 4.

Si au passage, quelqu’un peut m’explique pourquoi cette gourde se coupe le doigt dans sa quête de pureté ? Pour faire pénitence, il y a avait plus simple quand même…

 

 

 

 

Wishmaster II

 

1999

Réalisateur : Jack Sholder

Acteurs : Andrew Divoff, Holly Fields ....

genre : Fantastique / Horreur

 

Disponible (mais assez difficile à trouver) en dvd chez Film Office


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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 07:36

afficheStar Trek IV a été une véritable bouffée de fraîcheur et d’oxygène après les dernières tribulations quasi shakespearienne de l’Enterprise. Dépassement de soi, découverte de l’inconnu, la création qui a réussi à évolué au-delà de sa condition première, de nombreuses morts, de vieux ennemis et même la survie de la planète Terre … Tous ces thèmes ont été abordées de manière fort judicieuse et ce malgré la vision assez différente de trois réalisateurs bien distincts (le vieux brise car, le jeune utopiste et le membre du casting original).

 

            Fort du succès conséquent tant public que financier, la Paramount met de suite en chantier un cinquième opus à sa lucrative franchise, un peu comme elle le fit avec les Vendredi 13, la honte en moins. La honte seulement ? Et bien oui. Car L’ultime frontière va finir par se croire capable de pouvoir représenter un succès potentiel en se basant uniquement sur son nom et les espoirs suscités par la trilogie qui venait de s’achever. Comme le disait Shatner sur le commentaire audio (en compagnie de Leonard Nimoy) de Retour sur Terre, Star Trek V allait nous permettre d’être une aventure palpitante et grandiose.

 

            Il est vrai qu’au vu des thèmes abordés  dans les précédents opus, notre curiosité pouvait légitimement se retourner sur la série classique (TOS) et recherchait à travers elle le thème du prochain métrage. L’entité inconnue avait été utilisée à deux reprises avec V’Ger et la sonde Cétacé, la menace d’une destruction planétaire voguait également dans ces deux mêmes films (Motion Picture et Return Home), le retour d’un nemesis charismatique avait été épuisé avec Kahn , la mort de personnages phares aussi (Spock et le fils de Kirk) et même le voyage dans le temps et les thèmes de la jeunesse et de la vieille avaient été mis en avant.

 

            L’évolution logique ne pouvait alors emprunter que deux voies. Soit Star Trek poursuivait son bonhomme de chemin sur une aventure riche en rebondissements et en humour comme avec Star Trek IV, soit elle se reprenait et revenait à des considérations quelques plus métaphysiques comme avec The Motion Picture.

            La solution, embrassante, va emprunter un peu des deux et c’est un Shatner peu inspiré qui va offrir à nos yeux effarés ni plus ni moins que la quête de Dieu. Car c’est de cela qu’il s’agit dans Star Trek V,ni plus ni moins et c’est ce qui va conduire le film à s’embourber un peu plus , entrant en totale contradiction avec les premiers pas de l’homme sur la Lune considérant que Dieu était absent et expédiant son sujet avec une telle légèreté qu’on ne peut que frémir devant un tel gâchis.

 

            Coup de chance ou regret de la part de la Paramount, elle mettra avec bonheur un dernier film en l’honneur de l’équipage historique, repris par Meyer (heureux papa de la colère de Kahn) et qui donnera Terre Inconnue sur lequel nous reviendrons bientôt.

 

            En attendant, cap sur Nimbus III et sur l’opus le plus mal aimé du microcosme Star trek (et à raison, malheureusement) : L’ultime frontière.

 

Si l’on fait exception des courts résumés introductifs de l’épisode 3 et 4, Star Trek V propose une petite innovation et s’ouvre pour une fois sur un véritable prégénérique des plus prometteurs. Habituellement, le space opéra s’ouvre toujours d’un plan sur l’espace, qu’il s’agisse de Star Trek, Star Wars, Star Gate, Babylon 5 et autre Odyssey 5. L’infinité de l’espace renvoie bien sûr à un certain esprit d’aventures, terrain sur lequel l’homme va souvent devoir affronter des choses qui le dépasse. Cette fois ci, le film s’ouvre sur un horizon désertique , aride, à l’atmosphère phagocytée par la poussière et se présentant comme le paysage de la planète de la paix galactique, elle-même située en zone neutre. La caméra s’attarde sur un pauvre hère, faisant des trous dans le sol et apercevant au loin un étrange individu à cheval (bah oui, tiens, les chevaux, il y en a dans toute la galaxie, et c’est bien connu, un cheval dans le désert, ça peut survivre des jours sans une goutte d’eau…passons sur les invraisemblances, elles sont tellement nombreuses dans ce film que certains épisodes de la série classique pourraient prétendre à l’oscar).

 

Ni une, ni deux, le malheureux empoigne une espèce de bâton et le fourre de cailloux avant d’en menacer l’étranger qui 1descend de cheval, parle au pauvre gus quelques minutes et parvient à le soulager de la peine immense qui l’empêchait pleinement de vivre sa vie (il est toujours dans le désert, toujours pauvre, mais il est heureux à présent, et libre !) . Passé le caractère incongru de cette situation, surtout en opposition au trois derniers films qui avaient été nécessaires à tous nos protagonistes pour qu’ils puissent s’accomplir complètement en tant qu’individus à part entière, on découvre alors que l’étranger est un Vulcain (au cas où on ne l’aurait pas compris, le pauvre gus, on l’appellera Gus pour gagner du temps , le désigne comme tel avec un sourire édenté frôlant le manque de maturité mentale) et que ce dernier éclate de rire. Le générique débute alors avec le nom de William Shatner en grosses lettres, sur une composition de Jerry Goldsmith qui se contentera ici de recycler son vieux score des opus précédents.

 

            Le cadre est mis en place. Ce Vulcain mystérieux, Sybock, va de suite attirer notre attention. La première question étant de savoir ce qui l’a mené sur cette planète déserte, la suivante le but de sa quête et surtout, comment se fait il qu’il puisse manipuler aussi bien les sentiments et les vivre émotionnellement lui même. Jusqu’à présent, le seul vulcain que nous connaissions était Spock (Sarek n’étant apparu qu’une poignée de fois et Saavik ne rentrant pas en ligne de compte puisque n’appartenant même pas à la lignée classique) et les occasions de le voir relâcher le contrôle sur ses émotions peuvent se compter sur les doigts d’une main. De toute l’histoire des films et de TOS, nos n’avons pu le voir sourire que deux fois (Le Mal Du Pays et Retour sur Terre) et pleurer une seule fois de manière consciente et assumée en public (The Motion Picture). Si on prend en compte Enterprise , qui à force d’effectuer des comparatifs avec ses aînées devient de plus en plus une série de qualité, ne serait ce que par le travail de cohésion remarquable fourni par les scénaristes sur quatre saisons, on notera que cette faculté de maîtrise obéit à une éducation et à une croyance particulière et que seule une partie minoritaire et paria de la populace aux oreilles pointues se laisse aller à vivre ses sentiments.

           

Après avoir commencé avec une entité quasi divine, puis avoir poursuivi par des bad guys uniques sans compter l’ennemi venant de l’inconnu, la franchise se réoriente vers une figure emblématique issue de la plus noble souche de ses personnages, permettant ainsi de ocnstater que les Vulcains ne sont pas une peuplade constituée d’être quasi parfaits, logiques et moraux.

           

2Le but de Sybock et de mettre la main sur Shakari, à savoir notre Eden et démontrer qu’un dieu unique régentant la création et riche de savoir existe, et qu’il est un contrepoids parfait du dogme vulcain de la science et de cette même logique. Sybock, pour parachever le tout n’est pas un illuminé puisqu’il était même destiné à intégrer les plus hautes sphères culturelles vulcaines. Enfin, pour lui donner une légitimité vis-à-vis de Spock, on en fait son demi frère ? Ce qui pourra permettre des rebondissements (n’ayons pas peur des mots) pour la suite. Le principe de la famille détournée est d’ailleurs un artefact pratique dans ce type de structure narrative, toujours prompt à creuser ou dévoiler un peu plus un personnage clefs, en faisant ressortir ses côtés sombres (Picard / Shinzon, Data / Lore) ou humains et faillibles (Kirk / David, Deanna / Lwawanna, Riker père et fils et j’en passe).

 

L’idée même d’un vulcain courant après Dieu était en soi porteuse d’espoirs mais le traitement de cette idée va être calamiteux. Pour essayer de gagner Shakari, Sybock va prendre en otage trois exilés de différents univers : terrien, romulien, et klingon. Si David Warner passe sans peine pour un dignitaire de type ambassadeur de la Fédération (le gars qui a si bien joué les photographes dans la Malédiction de Donner ou bien les chefs de multinationale du jeu électronique dans Tron) , bien que cachetonnant à outrance et étant à mille lieues de son impressionnante interprétation d’un chef de guerre cardassien qui gardera en otage Picard durant deux épisodes mémorables de La Nouvelle génération (TNG)  au point de presque lui en faire presque perdre la raison, que dire du Klingon et de la Romulienne ? Le premier, censé être un général, est un alcoolique obèse qui passe plus de temps à éructer qu’à réellement prendre la parole ; la seconde n’est qu’une potiche à la coiffure complètement surréaliste qui n’a que peu de chose à voir avec le traitement de cette race dans TNG et au cinéma.

 

D’ailleurs, scénaristiquement parlant, ces trois individus étant plus des laissés pour compte que des valeurs véritables, on peut bien se demander si leur prise d’otage par Sybock aura vraiment de l’impact auprès de leurs gouvernements respectifs… Les trois individus semblent tellement déconnectés des réalités qu’ils se contentent de boire ensemble et de pleurer sur leurs sorts communs alors que partout ailleurs dans la galaxie, leurs peuples se font la guerre où se livrent à de véritables actions d’espionnage. Passons.

 

  Gardons à l’esprit que le but de ces manœuvres reste de faire venir un astronef. Avec un peu d’espoir, on s’attend en toute logique, histoire de faire vraiment démarrer le film, à un petit tour chez les romuliens, les klingons et Starfleet histoire de voir les décisions politiques logiques qui vont suivre et surtout assister à un affrètement d’astronefs en règle auprès de trois spatiodocks différents. Que nenni. La Paramount est maintenant rodée financièrement parlant et Star Trek est devenu depuis le troisième film une franchise faite pour rentabiliser un maximum les caisses du studio ; et ce, sans respect aucun pour ceux qui achèteront leurs tickets de cinéma.  On se souvient des problèmes rencontrés par Nimoy sur Retour sur Terre, parfois obligé de supplier littéralement les producteurs pour obtenir l’argent nécessaire à la conception de tel ou tel plan. Ici, on touche purement et simplement le fond. 


Côté décor, on se contente du minimum, un désert sans aucune construction ou presque. Les plans d’ensemble sur l’Enterprise A qui aurait ici du connaître son baptême du feu sont réchappés de l’épisode précédent. D’ailleurs notons que là où Retour sur Terre ajoutait une grosse couche de plaisir coupable en dévoilant la carlingue de l’Enterprise, imposante derrière celle de l’Excelsior, Star Trek V se contente de le montrer à l’écran comme un jouet sur une étagère, sans aucune partition musicale, sans aucun effort de raccord.

 

Pour  ce qui est des costumes, pourtant si recherchés dans les films antérieurs, on sent que les fonds de malle ont été exploités. Le beau velours rouge si cher à Zap Brannigan cède la place à des tenues de campeurs et d’affreux pulls marrons occupant 90% de la projection.  Et ne parlons même pas de ces affreuses bottes à propulsion que porte Nimoy. Après avoir réussi à réécrire visuellement toute une franchise, se voir infliger un gadget inutile et aussi peu esthétique fait vraiment pitié. Ajoutons à cela les affreux maquillages constatés lors dela scène du bar qui sont une véritable insulte (comme la coupe romulienne !) au fan de la première heure et qui parviennent à être moins impressionnants que ceux du bar de Star Wars (on ne joue pas dans la même cour de récré, c’est certain) ou encore que ceux de la fameuse réunion diplomatique qui introduisait Sarek dans TOS (avec les premières apparitions des Andoriens qui connaîtront leur heure de gloire dans Enterprise).

 

Pour clore ce laïus sur les restrictions économiques, il ne reste plus qu’à citer les effets spéciaux. Il est certain que pour donner un peu de grandeur au personnage présumé de Dieu, il a fallu rogner sur tout le reste, ce qui nous permet d’avoir des sfx d’occultation datant de près de six ans , une vitesse Warp frôlant le foutage de trogne et n’ayant jamais été aussi lourde à l’écran. C’est simple, quand l’Enterprise passe en distorsion, le vaisseau reste immobile, on se contente de le faire avancer comme un gamin pousserait sa maquette du Titanic dans la fontaine municipale en plein hiver, et l’effet de vitesse est simplement illustré par quelques bandes de couleurs. C’est le principe même de la distorsion qui est jetée aux oubliettes. Même dans the Motion Picture ou dans Kahn, cet effet était retranscris de manière visuelle ou sonore, de manière à convaincre le spectateur que la vitesse augmentait de manière exponentielle. Ici , même le générique de TOS proposait une formule comparée à la deux chevaux qu’est l’Enterprise A. Heureusement, les séries TV se chargeront , d’Enterprise à Voyager de corriger le tir et d’uniformiser les procédures de Warp avec un vaisseau qui entre en « vitesse lumière » en se distordant justement.    

 

 Economie donc et raccourci scénaristique logique en découlant. Les romuliens ne réagiront pas et on ne s’attardera même 3pas à glisser une ou deux lignes de dialogues pour expliquer leur non ingérence dans cette histoire. C’est peut être un bien en soi car vu les évènements, on aurait peut être eu droit à une flotte galactique romulienne basée sur la caravane de Priscilla folle du désert. La Fédération quant à elle envoie à la rescousse de son ambassadeur son vaisseau le plus emblématique, l’Enterprise …. Qui est encore en phase de finition et de rodage. La moitié des fonctions ne sont pas encore installées et on nous rappelle avec lourdeur que le téléporteur est en panne.

 

Le producteur de la saga, H. Bennet apparaît alors en tenue d’amiral (un acteur de moins à payer, pourquoi se fatiguer à rappeler l’un des officiers supérieurs implantés dans les opus précédents, comme Cartwright, par exemple, alors qu’on peut soi même jouer le rôle ?) et explique à Kirk qu’au-delà de son vaisseau, il veut son expérience. Autre point à critiquer, Kirk rétorque qu’il lui faudrait un autre vaisseau que celui là pour mener à bien une telle mission. Logique. Mais il devra faire avec. Que comprendre alors ? Qu’il n’y a que Scotty comme ingénieur pour toute la flotte ? Que Starfleet ne possède que deux vaisseaux en piteux état, l’Excelsior étant à l’arrêt suite à un sabotage récent ? Pourtant, sur 4 films, seul l’Enterprise a été au front contre Kan, V’Ger et Genesis…. De qui se moque-t-on ?

      

 A la rigueur, on se dit que ce n’est pas grave et qu’un général klingon étant impliqué, on va au moins pouvoir se rattraper sur la flotte impériale. On reste vite déçu. Les plans d’occultations sont recyclés à outrance, les vitesses de distorsions klingonnes, si importantes et assez bien portées à l’écran sur Retour sur Terre (autour du soleil) se trouvent réduites à un immobilisme proche du zéro absolu et on parvient même à résumer son approche dangereuse en fin de film sur l’Enterprise à travers une représentation fil de fer sur un écran de contrôle dont tout le monde se moque. Et que dire de l’équipage qui n’aurait plus qu’aux sœurs Duras.

 

Les costumes sont loupés, hideux et ce sont des néo punks qui tiennent la barre. La femelle klingon est grotesque et on est loin de la noblesse de celle de Star Trek III qui se sacrifia sur un seul mot de son capitaine. De plus, comble de l’ironie pour un peuple de guerriers, ils s’ennuient et détruisent de vieilles sondes dans l’espace. Comment croire que face à l’immensité présumée d’une empire pluri séculaire, des vaisseaux soient ainsi en goguette dans l’Espace, prêts à tout pour passer le temps, jusqu’à en risquer une guerre ouverte avec la Fédération. Le motif de statut de renégat de Kirk est bien mis en avant pour justifier qu’on s’acharne ainsi sur son astronef mais ne tient guère la route puisqu’il a été jugé sur Terre et condamné. En fait, l’ajout de la menace klingonne est purement accessoire, voire inutile. Elle rajoute artificiellement une dose d’action qui n’a rien à voir avec celle de Star Trek III. Pourtant elle fait écho au traitement des personnages de ce film qui reste déroutant.

 

 TOS, puis les quatre premiers films ont le mérite de construire un trio d’acteurs qui se complètent merveilleusement et dont les échanges et dilemmes moraux font toute la saveur. Kirk, Spock et McCoy sont liés à la vie à la mort et ont connu leur lot d’épreuves entre partages de conscience, décès et résurrection. Les retrouvailles de the Motion Picture, la tragédie Shakespearienne de Kahn et de the Search for Spock et le délicieux comique de situation employé dans Retour sur Terre volent en éclat dans l’Ultime frontière.

 

Leur introduction dans le film débute par un plan sur une forêt ou Mccoy manque d’attraper une crise cardiaque en observant Kirk, la cinquantaine grisonnante escalader à mains nues une paroi rocheuse , lui-même sous la surveillance d’un Spock irritant volant tel Superman (mais avec nettement moins de maîtrise qu’un Superman) et distillant de nombreux conseils pour placer ses mains de telle ou telle manière ou en proposant de ne faire qu’un avec la roche (ce à quoi rétorquera Kirk en précisant plus tard à un Spock maladroit sur sa monture qu’il ne doit faire qu’un avec le cheval). Kirk manque évidemment une prise et tombe dans le vide, puis est sauvé in extremis par Spock qui plongea à son aide. Notre bande de Goonies du futur se retrouve alors devant un feu de bois et au milieu de banalités confondantes, noyées par de nombreuses incompréhensions de Spock dont la maîtrise démontrée dans Star Trek IV sort ici fragilisée, commencent à entonner en canon « Au Clair de la Lune, mon ami Pierrot ». On pleure de rage à la mémoire de la construction narrative de Kahn, sans temps morts, face à cette première demi heure interminable. Le plus triste, c’est que cette entreprise de crétinisation se poursuit à l’échelle du casting intégral.

 

Sulu et Chekov se perdent dans les bois et nous font le coup du Tunnel, Scotty, plus empâté que jamais passe pour un sombre idiot incapable de maîtriser sa propre fonction et allant même jusqu’à s’assommer sur l’une des poutres de sa propre coursive , Uhura danse carrément nue dans le désert et j’en passe….

 

Tout le côté solidaire et amitié tant développé jusqu’à présent et réduit à peau de chagrin et la palme revient au traitement de Sarek, démontré comme bassement primaire lors de la naissance de Spock , le considérant simplement comme humain alors que dans la chronologie, Spock a été un fils respecté, le clash avec son père provenant uniquement de son engagement avec StarFleet. D’ailleurs, toutes ces questions avaient été réglées une fois pour toute avec un très bon dialogue entre le père et le fils dans Star Trek IV. L’emprise de Sybock devrait alors tomber d’elle-même et il ne devrait pas devoir perturber un Spock qui s’était construit comme un individu entier jusque là.

 

Le résultat est simple, on s’ennuie fermement et on n s’intéresse que moyennement au sort d’un équipage qu’on avait pour soutenu jusque là sans faillir. Comble du mauvais goût et du manque de maîtrise du sujet par Shatner, le film se clôt sur un Spock qui vient pourtant de perdre son frère et qui , clin d’œil , gratte mélancoliquement le luth qu’il possédait dans TOS. Là où Kirk et son formidable « je me sens jeune » après deux heures de drama dans Kahn entrait dans le panthéon des figures télévisuelles et cinématographiques américaines, Shatner offre un Au Clair de la Lune à nouveau !

 

Comme final, cela se pose comme une absurdité totale, sans compter qu’un space opéra doit s’achever avec plus d’emphase. Les quatre premiers films l’avaient compris et TNG l’avait magnifié en clôturant un épisode (celui où Picard , inconscient parvient à vire l’intégralité d’une vie loin de l’espace)  sur un air de flûte.

 

 4Le plus regrettable dans cette volonté de détruire tout ce qui a été construit se matérialise dans la dernière partie, qui débute avec la prise de la ville. On se croirait revenu au temps des westerns de papa (pourquoi pas, vu le nombres de monuments qui trainouillent leurs vieilles bottes dans le genre) mais revisité parles Keystones Cops. Aucun cliché ne nous est épargné. La navette atterrit loin du site (histoire de rajouter quelques minutes au film pour savoir comment gagner la ville) mais comme par hasard, les radars de la planète ne les détectent pas (si le fait de s’éloigner pour ne pas se faire repérer par les citadins est logique, qui parviendra à nous faire croire que les autres habitations ne possèdent pas leurs propre système de localisation ?). Bien évidemment, notre petite troupe arrive près d’un relais avec des chevaux. Des chevaux. Comme quoi, mieux encore que l’homme, les chevaux ont su coloniser l’espace et accepter de se faire monter par le premier Alien venu ? Quitte à faire l’apologie d’une espèce terrienne qui aurait suivi un chemin d’évolution différent, autant se tourner vers Voyager et son fameux épisode avec pour ennemis des dinosaures….

 

Afin de mettre la main dessus, Uhura se prend pour une Joséphine Baker à la voix proche de celle d’une des sœurs de Cendrillon. C’est tellement idiot qu’il vaut mieux ne pas trop s’attarder. La ville est ensuite prise par astuce et on peut voir que pour une planète galactique de la paix où les armes sont proscrites, les sulfateuses côtoient les lasers dans une mise en scène chaotique faisant passer Transformers de Bay pour Barbie et le bal des princesses côté fluidité de l’ensemble. Spock surnage malgré tout du lot en effectuant sa fameuse prise vulcaine sur un canasson qui semble surpris plus que nous. Pour bien faire, les trois otages ayant rejoint (rapidement) Sybock, tout cela n’a servi à rien et vogue l’Enterprise ! On pourrait se surprendre à espérer en revoyant ce film que Sybock croise le sillage de Vador et qu’en essayant de lui faire comprendre ses erreurs passées, celui-ci lui colle un bon coup de sabre laser dans la truffe… on peut y croire.

 

            S’en suit une attaque Klingon qui va enfin réveiller tout ce beau monde et nous permettre d’assister à la seule scène potable de ce naufrage. Astucieusement laissée dehors pour un problème de bouclier et de phasers , la navette de Kirk va devoir manœuvrer manuellement pour regagner le vaisseau mère. Je n’en dirais pas plus pour ne pas gâcher la dite scène, d’autant qu’elle est malheureusement très courte.

 

            Une fois à l’abri, direction le centre de la galaxie en quelques minutes, le temps de voir à nouveau à l’œuvre le pouvoir  étrange de ce Vulcain dont on n’entendra jamais plus parler (phénomène que l’on retrouve souvent dans le monde des OAV. Pour mémoire, San Goku ou Seiyar trucident toute une tripotée d’ennemis dans leurs aventures format film dont on entend jamais ne serait ce qu’un écho dans les parties séries, à l’exception peut être du personnage de Garlic), puis arrivée devant la Barrière, zone de l’espace infranchissable dont aucun vaisseau n’est jamais revenu.

 

            Jusqu’à maintenant, l’Enteprise réussissant d’une part à la franchir sans problème et le danger étant représenté par un ou deux éclairs. On est loin de la sensation éprouvée lors de The Motion Picture dans le Wormhole artificiel crée par accident par Kirk…

 

            Kirk tourne sa veste et curieux, via un raccourci éthique assez risible, se rend sur la planète de Dieu (qui ressemble beaucoup à la forêt de départ, les arbres en moins) et part à la rencontre de ce que serait un Dieu … qui ne se révèlera être qu’une entité inconnue cherchant désespéramment le moyen de quitter cet endroit (Pourquoi Dieu a-t-il besoin d’une navette ?). L’entité révèle son vrai visage, Sybock veut lui faire le coup du « tes remords te pèsent, confies toi à moi » et l’Enterprise balance une torpille à Photons sur le tout qui tue Sybock, fait exploser le décor mais ne touche pas notre fameux trio. Kirk parvient à faire téléporter le reste de la bande et se retrouve seul sur la planète avant d’être sauvé par l’oiseau de proie qui lui courre après depuis 90 mn (le général Klingon sous les conseils de Spock a fait valoir son grade) et qui dézingue « Dieu » avec deux coups de phasers (là où une torpille avait échoué un peu plus tôt, bravo la cohérence) tout en se faisant présenter des excuses par l’ancien commandant de bord pour une action non commanditée par l’Empire. Et le tout finit par un petit banquet où Scotty offre au général un bon vieux whisky écossais. On croit rêver.

 

            J’avais pourtant commencé ce papier avec les meilleures intentions du monde pour une franchise que j’apprécie particulièrement. Malheureusement, avec Star Trek V : l’Ultime frontière, on a effectivement atteint les limites du bon goût et même le geek profondément ancré en vous , celui qui a toujours un sourire lors d’un brocante quand il tombe sur une vielle édition des Goonies ou de Batman, ne pourra que déplorer une telle perte de temps et d’argent à la vision DU navet de la licence.

 

            Notons cependant que face à toutes ces incohérences, face çà ce clash artistique avec les fans là où les critiques voyaient « autant une odyssée spirituelle qu’une aventure spatiale pleine de richesse » (Los Angeles Time de l’époque !)  , la Paramount n’a pas compris qu’il fallait arrêter les frais et va mettre sur le feu LE meilleur Star Trek da la saga TOS : Terre Inconnue. Et pour reprendre Shatner, effectivement, là nous attend une grande aventure.

 

 

 

 

Star Trek V L'ultime frontière (Star Trek V : The Final Frontier)

 

1989 - Paramount

Réalisateur : William Shatner

Acteurs : William Shatner, Léonard Nimoy ....

Genre : Space Opéra

 

Dispo en dvd et bluray

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 07:00

affiche.jpgIl était évident qu'après le choc Goldfinger, l'opus suivant aurait fort à faire pour relever le défi d'un Bond enthousiaste et survolté.

Goldfinger avait habilement réussi à convertir les éléments de succès des deux premiers opus pour en sortir un panaché inédit gagnant :méchant mégalo et sournoisement intelligent, belles filles à l'utilité vénéneuse, divers lieux de tournages et une intrigue solide au possible pour des rebondissements toujours inattendus (ou si peu. Personne n'aurait pu prévoir la mort d'une éphémère confidente de Bond à la sauce Masterson).

Ce Thunderball, considéré à l'époque comme l'un des parangons de la franchise, possède quelques qualités mais malheureusement de trop nombreux défauts qui ne permettent pas de remporter l'adhésion et qui représentent pour moi l'une de mes premières grosses déceptions de l'Univers de Bond (rattrapée avec bonheur avec les deux prochains volets).

En essayant de garder une certaine objectivité, je vais essayer d'expliquer les raisons de cette déception.

Thunderball , comme une grande majorité des opus de 007, possède une introduction (hyper) nerveuse et très rythmée (Terence Young reprend les rênes, sa pattes est reconnaissable de suite) . Le film s'ouvre sur un trompe l'œil astucieux pouvant faire croire aux obsèques de Bond, alors qu'il s'agit en fait de l'un des ennemis du MI6.

 

Celui-ci assiste d'ailleurs à ses propres funérailles , ce qui n'échappe pas à Bond et permet de nous offrir un combat violent et extrêmement réaliste …jusqu'à l'utilisation du fameux Jet Pack, emblème de cet épisode, bien plus représenté d'ailleurs que le superbe Disco Volante de Largo. Autant dans les précédents opus, le faible nombre de gadgets en permettait une utilisation remarquée , autant les intro étaient justifiées et soignées (mémorable assassinat d'un faux Bond de From Russia with Love), autant là, on peut se poser des questions.

 

Par la suite, on apprend qu'il s'agissait d'une volonté des producteurs de faire apparaître ce type d'engin au moins une fois à l'écran mais on ne peut y croire une seconde. Pour peu que l'on ait vu auparavant un film comme The Rocketeer, on conçoit alors les nombreuses difficultés pour se diriger aussi parfaitement que 007 à l'écran avec cet appareil propulsé, sans parler de l'aérodynamisme qui laisse à désirer. Alors oui, d'aucuns rétorqueront que ce n'est que du cinéma qui n'est là que pour détendre et en mettre plein les yeux mais je rétorquerais avec célérité que dans les trois épisodes précédents, le réalisme était de mise , y compris avec le fameux dragon du Dr No que Bond défait en deux temps trois mouvements.

 

D'ailleurs, on soulignera le retour de l'Austin Martin, réchappée de Goldfinger (alors que détruite en partie et assurément désossée par ce dernier qui en souligne l'ingéniosité) et réutilisant les mêmes ressorts de défense, comme si cette dernière, en avalant ce monstrueux cracheur de flammes (qui ne blesse en rien les gambettes de l'agent, juste comme ça , au passage) était désireuse de redonner un semblant de légitimité à l'action. On notera qu'elle supporte beaucoup moins bien les tirs directs car , cette fois, les balles s'enfoncent dans le bouclier arrière (détail qui insiste sur le côté véritable, s'il en est).

 

S'en suit le générique (toujours aussi tarabiscoté et sans intérêt, ce que je n'avais pas souligné pour les opus 1précédents et dont le paroxysme sera atteint avec la période Moore) dont le thème sera récurrent durant le film. Mise en place ensuite classique des événements (apparemment sans suite et décousus puis se regroupant admirablement durant le visionnage. Un des points forts de ces premiers Bond, assurément).

Si l'on exclue la parenthèse Goldfinger,le grand méchant de premiers chapitres de cette saga réside dans le Spectre dont la mise en scène savante a été savamment orchestrée pour ne distiller que l'essentiel. Dans Dr No, on a affaire à l'un de ses représentants , mais ce bon Dr précise qu'il travaille pour l'organisation uniquement parce que celle ci a su entrevoir ses possibilités. Dans Bons Baisers de Russie, on voit enfin le Spectre dans son organisation via un camp d'entraînement, ainsi que des hauts gradés en 05 et 03. 01 lui n'apparaît que de dos. Thunderball va encore plus loin. En parallèle avec la structure du MI6 , on peut voir une réunion des principaux représentants du Spectre devant 01 , toujours dissimulé, son identité ne devant pas être connu des ses subalternes, à priori. La représentation en est d'autant plus forte que les 00 de toute l'Europe sont également réunis au Mi6 pour tenter de résoudre une alerte d'ordre mondiale au sujet de deux bombes atomiques volées par… vous aurez compris. Vis à vis du Spectre, donc, on sent que l'on progresse car , nonobstant une méthode quelque peu brutale d'élimination des éléments peu fiables, on aura principalement à faire à 02 aka Largo durant cette mission, ce qui laisse augurer une confrontation directe avec 01 prochainement.

1er regret alors, autant l'exposition du Spectre reste brillante , autant le potentiel des 00 est sous exploité au possible. Avoir la fine fleur du Mi6 au grand complet juste pour souligner le retard de Bond à la réunion semble un peu exagéré. Pas de tension, pas de plans sur les différents visages des espions. Rien. De plus, Bond change son affectations sur une simple intuition (suite à la photo d'un pilote disparu et de sa sœur, histoire de ne pas trop divulguer l'intrigue aux néophytes) ,ce qui témoigne de la confiance De M, mais tout de même… l'officiel présent lors de cet entretien sera d'ailleurs là pour le souligner.

Commence alors, le temps que Bond prennent contact avec Domino, un long passage à vide où l'action ralentit considérablement et où les occasions de tuer Bond se multiplient paradoxalement, via une rousse pseudo fatale et une armée de mécréants à la solde de Largo.

 

3


Largo est d'ailleurs LA grosse déception de ce métrage. Pas de charisme, des motivations troubles, si ce n'est accomplir le plan du Spectre et une villa immense avec une piscine à requins pour l'exubérance du côté obscur de la force. Pas de grandes tirades empruntes de dédain, pas de mégalomanie exacerbée, pas de remous ni d'implications politiques et encore moins de perversité. Largo se démarque des anciens adversaires de par sa normalité. Il n'exprime rien. Et c'est forcément regrettable, enlevant de fait tout son piquant aux différentes rencontres avec Bond.

2Dommage, sans compter que c'est ce genre de joutes verbales qui font le sel de ces films d'espionnage , tout comme les nombreuses notes d'humour du type du célèbre " Je l'ai harponné ". Un manque cruel se fait ressentir et on s'ennuie. Cet ennui se répétera à plusieurs reprises dans le film, en particulier lors des scènes sous marines qui, bien que filmées avec maestria, ne dégagent rien. La musique d'accompagnement est forte et rythmée, mais certains films muets bénéficient de scènes au rendu plus efficaces (Nosferatu de Murnau pour ne citer que le plus célèbre). Reste heureusement la final avec le Disco Volante qui lui reste plus que passionnant avec un Bond (enfin) entreprenant et témoignant d'une violence retrouvée. Le final en lui même par contre reste bâclée, se voulant emprunt de romantisme machiste et tombant à plat.


Un Bond de vacances, certes. Connery n'épargne pas sa peine mais on se surprend à regarder sa montre, ce qui est toujours mauvais signe dans ce type de production.

 

 

 

007 - Opération Tonnerre (007 - Thunderball)
1965 - MGM / United Artists
Réalisateur :Terence Young
Acteurs : Sean Connery, Adolfo Celi....
Genre : Espionnage
Disponible dans une multitude d'éditions, de coffrets que ce soit en dvd ou en Bluray
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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 08:00

affiche.jpgLes James Bond, avant de devenir de ravageuses machines de guerre écrasant tous les autres films sur leur passage (ce truc marchant particulièrement bien depuis l’ère Brosnan, même pour le désespérant Le Monde ne suffit pas où seule la scène d’introduction parvient à vous tenir un tantinet en haleine par son audace et sa fluidité) restent pour moi de petites sucreries mi-acides (Connery et Lazemby, sublimes) mi-amères (les désastreux Moore où paradoxalement, plus Bond a de rides, mieux c’est. CF Dangereusement vôtre). Je ne ferai peur à personne en omettant volontairement de parler de Dalton, méchant Nazi échappé du sympathique et mésestime Rocketeer (il ne volait pas bien haut (blague minable mais impossible à éviter) tout en restant une série B honorable (ou comment sauver les alliés et Howard Hugues avec un chewing-gum !).

Si Dr No permettait de poser avec brio (dans un mélange kitch d’érotisme, de science fiction et d’espionnage) les bases de ce qui allait être l’une des franchises les plus juteuses du cinéma contemporain, si Bons baisers de Russie nous confortait dans notre impression de classitude, Goldfinger a atteint des sommets jusqu’à maintenant pillé et copié mais heureusement (ou malheureusement ?) Jamais plus Jamais égalé (dans ce dernier une volonté de bien faire indéniable face au palot et parfois incompréhensible Octopussy sans pour autant emporter l’adhésion ou une préférence pour l’un ou l’autre des partis de ce que fut cette mémorable guerre des Bond (voir les Starfix et autre Première de l’époque).

Les deux précédents volumes ne semblaient alors être là que pour nous faire rencontrer Bond et son staff (attention, 4les films en eux-mêmes sont plus que bon, y a pas photo … quoique Andress sortant de l’eau en bikini avait quand même plus de charme que la Berry dans sa pâle imitation des années 2000) afin de pouvoir se caler dans un fauteuil confortable (vu la qualité du métrage, même un fauteuil de plage sans ressort aurait été bien) et d’apprécier LE Bond de la saga.

Dominé par un réalisateur attitré ici plus qu’en forme, par un Connery au sommet de son art et avec l’utilisation d’un des méchants les plus réussis et les plus mégalo des 22(-1) opus, reprenant fidèlement l’ouvrage de Flemming (j’ai pu mettre la main sur une édition d’époque, odeur de moisi comprise et je ne vous raconte pas le pied de lire ce petit trésor juste après le film, histoire de compléter l’ensemble) et justifiant plus que de raison le Ian Fleming’s Goldfinger de la jaquette ; ce Bond est à lui tout seul une quintessence de tout ce qu’on trouvera par la suite pour le genre sus nommé : compte à rebours s’arrêtant à la dernière seconde (astucieusement refilmé pour donner le 0 :07), utilisation de personnage à contre courant de l’image véhiculée (la grand-mère à la mitraillette), confrontation des protagonistes sans fioritures mais réussissant non seulement à captiver tout en faisant avancer l’histoire (la partie de golfe, la poursuite en voiture…), l’Austin Martin la plus réussie de Q , alliant classe (je ne me lasse pas ici d’utiliser ce qualificatif) et allure racée, des cliffhanger magistraux (Bond harnaché sous la puissance malsaine d’un laser bien en avance sur son temps, entre autre) et des femmes sublimes (les sœurs Masterson en tête ) et vénéneuses (Pussy Galore).

3Les gadgets indispensables à Bond (et tellement préjudiciables à la crédibilité de Papy Moore) sont ici judicieusement agencés et ne nuisent en rien aux actions de Connery. Enfin n’oublions pas l’aide de camp de Goldfinger qui marquera de son chapeau les annales de l’espionnage commercial (jusqu’à le retrouver dans le sous estimé Last Action Hero, comme quoi, quand on tient le meilleur, on le réutilise jusqu’à plus soif).

L’enjeu lui-même reste complètement fou (à savoir, faire la visite de Fort Knox comme propriétaire et vider l’ensemble des lieux en toute tranquillité puisque l’armée et les alentours doivent pendant ce temps compter les moutons) comparé à d’autres épisodes (Vivre et laisser mourir, Octopussy, Moonraker (là c’est plus des sommets de bêtises que l’on atteint, c’est encore au-delà !).

Je crois bien que pour la première fois, je m’en tiendrai là sans trouver de bémol ou de petits problèmes à redire. Magistral et indispensable (s’il vous faut vendre tous les Moore pour avoir celui là, faut pas hésiter mon gars !).

Goldfinger, c’est le bonheur à l’état pur pour fan de bons films bien foutus et de James Bond. Le seul qui parvient à se hisser à un niveau similaire serait celui qui représenta le plus gros échec commercial de la marque, Au service secret 5de sa majesté, peut être à cause de l’acteur principal (bon, c’est pas un maître étalon niveau jeu d’acteur, mais il s’en sort tout de même mieux que les deux suivants, Brosnan à part puisque les enjeux de ses Bond ne sont plus les mêmes que les précédents, contexte technologique et géopolitique évoluant) ou plus implicitement par le simple fait que les spectateurs n’aiment pas voir leurs héros en position de faiblesse quand le clap de fin retentit (même remarque d’ailleurs pour La rose et la flèche , toujours avec Connery). Tuer les héros ou leurs proches sans possibilité de résurrection ou de vengeance, ça ne fait pas beaucoup recette. Ce Bond ci nous offre pourtant l’aspect le plus humain de son héros et ses douleurs les plus profondes.

Preuve que cela n’a guère plu dans les hautes sphères, la pauvre Diana Rigg n’étant plus abordée que par quelques allusions dans les numéros suivant.

Pour finir, vive Goldfinger, l’acmé de la franchise avant que celle-ci ne se transforme en banal produit de consommation courante.

 

 

 

Goldfinger

 

1964 - MGM / United Artists

Réalisateur : Guy Hamilton

Acteurs : Sean Connery, Gert fröbe....

Genre : Espionnage

 

Disponible en dvd, coffrets, dvd collector, bluray....

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 08:00

Attention, avec cet article, nous passerons dès maintenant au rythme d'un article tous les deux jours.

 

affiche.jpgStephen Chow est un cinglé. Mais quel cinglé ! La frontière entre la folie et le génie est bien mince et ce dernier passe d’un côté à l’autre avec une aisance déconcertante. Du bonhomme, je n’ai vu que deux films : celui-ci (que j’ai acheté en collector simplement après avoir vu la fin de la bande annonce sur Ciné 6 , à l’époque) et Crazy Kung Fu avec la même équipe et encore plus touché par la grâce.


Shaolin Soccer partait pourtant d’une base peu adaptable sur grand écran, à savoir transposer l’essentiel du succès d’Olive et Tom avec de vrais acteurs. Il est certain que la série de base possédait un certain charme avec des caractères bien trempés et des scènes d’actions dignes d’un Dbz ou d’un Cdz (de mémoire, certains but et techniques valaient leur pesant de cacahuètes) mais cela ne suffit guère à débloquer des fonds. Chow prit alors tout en charge et il obtint le résultat que l’on sait.


Je passerai d’emblée sur la version courte pour shooter directos sur la version longue (20 mn de plus quand même !).
Tout commence avec un pot de vin payé au Zidane de l’époque et au nom évocateur de Pied droit d’or pour passer une ellipse d’une vingtaine d’année permettant de voir le dit prodige réduit au rôle de lèche botte. Blessé en son fort intérieur, il se met en tête de monter une équipe de foot pour disputer le mondial (coupe superbe par rapport à celle que nous connaissons tous). Il tombe alors sur un prodige échappé d’un temple shaolin (impayables tuniques en jaune et rouge qui font de plus en plus kitch depuis Kung Fu et les débuts de Chan dans des films comme l’Irrésistible et consorts et que Chow nous ressert à grand renfort de plastique lors d’une scène totalement décalée) qui comme par hasard possède assez de frères pour monter une équipe… de bras cassés. La suite, vous la connaissez. Parsemé de séquences cultes comme le match contre les pires joueurs du quartier puis tous ceux du mondial sans omettre la rencontre avec chaque frère et le but final (qui me tire toujours des larmes de joies, à chaque fois) et en insistant sur celles qui sont hors sujet comme la danse sauce Bollywood et les petites scénettes nous démontrant à quel point le Kung Fu peut être utile dans la vie quotidienne, on ne peut que partager l’entrain et la bonne humeur qui se dégage de la rondelle. La musique colle parfaitement à l’intrigue tandis que les SFX signés Centro Digital nous montre que depuis Stormriders, les asiatiques peuvent faire jeu égal avec l’écurie de Lucas. Peut être augurent ils d’ailleurs une adaptation live des CDZ, au vu des auras, par exemple, qui se dégage de l’équipe noire.


La cerise sur le gâteau réside évidement dans les fameux pouvoirs shaolin qui sont remarquablement bien adaptés à 2la psychologie de leurs détenteurs. Plume légère a perdu la foi et la ligne mais retrouve toutes ses facultés en faisant de son handicap et de sa maladie un sérieux et impressionnant atout (les câbles à peine effacés apportent une légèreté inattendues à l’ensemble d’ailleurs), l’homme d’affaire possède un moral et un corps d’acier, Tête de fer, obtus dans le vie est une vraie tête de pioche et reste mon préféré (imposer le respect en slip, faut le faire), Jambes d’acier est comme dans la vie, jamais pessimiste et allant toujours de l’avant, le plongeur qui passe son temps à courir de jobs en jobs possède un jeu de jambes redoutables, le gardien de but d’une dextérité diabolique est à lui seul un égal de Bruce Lee (épatante ressemblance) et enfin May ; pâtissière de l’année est en elle seule un pendant de ce qu’il manque à tous au début : l’unité et la maîtrise.
En ces temps de cinéma purement commercial et sans vie, il ferait bon voir des Shaolin Soccer et des Kung Fu Hustle fleurir plus souvent.

NB : moi qui déteste le football pour l’emprise mercantile dont il est victime, je me convertis tout de suite si une équipe moitié moins douée que celle là se fait connaître…

 

 

 

 

Shaolin Soccer ( Siu lam juk kau )

 

2001 - Hk Vidéo / Métropolitan

Réalisateur : Stephen Chow

Acteurs :Stephen Chow

Genre : Comédie fantastique / sport

 

disponible en dvd simple et collector édition (soi-disant) limitée

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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 09:00

affiche.jpgJe n’avais jamais vu ni même entendu parler de Planète hurlante. Il s’agit après recherche d’un film de science fiction pourtant renommé. Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, j’ai réussi à dégoter le dvd, occasion idéale de combler un sacré fossé dans ma culture «ciné  fantastique ».

 

Planète Hurlante date des années 90. produit typique de cette période post eighties assez faste et venant après Terminator II, Robocop, Retour vers le futur et j’en passe. Les gamins d’aujourd’hui appellent déjà ça du ciné de papa mais pourtant ! Les films de cette époque pas si lointaine possède aujourd’hui une sorte de patine que les films actuels ne possèderont jamais. De plus, il ils étaient dotés d’une histoire parfois doublée d’une étonnante réflexion. Ce qui est le cas ici.

 

Une guerre s’est déclarée au sujet d’une énergie quais infinie mais extrêmement polluante dont l’extraction a lieu sur une planète éloignée de la Terre nommée Sirius B (marrant dans les films de SF de voir que les noms de planètes sont toujours affublés de chiffres comme Ceti Alpha dans Star Trek par exemple …). Sur cette dernière, deux camps s’affrontent. Un évènement inattendu va entraîner un semblant de volonté d’armistice…

 

Le casting quasi exclusivement masculin est dominé par un Peter Weller impérial. Cet acteur1 que l’on a pu apprécier dans l’incassable Les aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8ème dimension ou bien évidemment Robocop est aujourd’hui beaucoup trop sous exploité. Sa dernière grande histoire remonte à la fantastique mais écourtée Odyssey 5 (les ricains n’ont pas suivi faute de cerveau normé. C’est malheureusement souvent le cas dixit Star Trek dans les années 60 jusqu’à Dollhouse aujourd’hui alors que des Ugly Betty se prolonge jusqu’à la déraison). Et on le voit de temps à autre dans des séries tv de renom comme dans l’excellent l’épisode de Fringe saison 2 (épisode 18 : Dr. Alistair Peck) , le final de Star Trek Enterprise (intervention en temps que guest négociée avec Braga contre la promesse de réaliser des épisodes de la saison 5 … qui a été annulée alors que la série avait enfin trouvé son rythme de croisière !)  ou plus récemment dans la cinquième saison de Dexter.  

 

Les autres personnages sont secondaires et servent plutôt de faire-valoir à l’exception de Jefferson qu’on apprécie avec le recul et de la jeune femme à la tête du marché noir (mais pour une toute autre raison pour sa part).

 

L’armistice permettrait aux deux camps de se rencontrer mais faut il encore pour cela traverser un bon morceau de territoire…C’est là qu’entrent en jeu les screamers, machines mise en place par la Terre elle-même pour protéger initialement les intérêts d’un des camps. Leur introduction à l’écran est un modèle de réussite niveau tension dramatique et on en doute plus après de leur dangerosité qui ira crescendo (on retrouve d’ailleurs une mise en scène semblable dans la série V (originale) via un animal domestiqué par les visiteurs).

 

3Cela devient intéressant quand on apprend qu’ils ont suivi leur propre évolution dans leur rôle de prédateur et que l’être vivant de cible est aussi devenu combustible.

 

Mine de rien et sans dévoiler plus avant certains aspects du film y compris le climax final typique et quand même attendu car nous sommes depuis nourris de bons shows tv ayant empruntés plus que de raisons les ficelles de leurs aînés de la toile, Planète Hurlante peut se prévaloir d’un niveau de lecture multiple.

En premier lieu, le film, réussissant à reprendre certains moments anthologiques de l’Aliens de Cameron avec bien moins de moyens et de badguys, parvient à mettre en place un huit clos à échelle planétaire. Il n’y a réellement que 5 rôles à l’écran nonobstant les screamers. Il n’y a aucun temps mort, la psychologie et le soin apportés au personnage de Weller sont admirables de bon goût et de bon sens et les scènes de bravoure y compris à la fin sont nombreuses et très bien réalisés. Chaque détail introduit dans l’histoire aura à un moment ou à un autre son utilité.

 

Le rôle de Weller reste avant tout humain et derrière une façade toute militaire, on se rend bien compte (par petites touches progressives) qu’il est littéralement torturé voir dévasté de l’intérieur. Habituel pour un anti-héros issu de l’univers de K. Dick pourrait on dire.

 

Planète Hurlante aurait pu se contenter d’être un bon film quasi d’anticipation, mais il en4 plus doté d’une belle portée philosophique sur l’homme, la guerre, la création  et la solitude.

Les hommes du départ ont découvert une nouvelle énergie qui aurait du les rapprocher mais les a détruit, leur création leur a échappé et s’est retournée contre elle pour les utiliser à leur tour comme carburant, ce qui reste ironique, évoluant vers un besoin de domination non expliqué mais ajoutant encore à leur monstruosité. 

 

Les effets spéciaux sont datés mais passent encore assez bien à l’écran sauf peut être le dernier au niveau de la fusée qui n’est pas extraordinaire et qui abuse maladroitement de la stop motion, mais le tout participe à la crédibilité de l’ensemble.

 

Au final, et sans trop développer ce qui serait dommage avant une première vision, voici un excellent métrage de science fiction que vous pouvez vous procurer sans regret (au contraire du sympathique mais surfait Passé Virtuel par exemple).

 

Les marvelophiles apprécieront quat à eux le clin d’œil à Planète Hurlante effectué dans quelques vieux numéros de Daredevil où celui-ci est assiégé par une armée de (je ne veux pas spolier) qui connaissent son identité et qui le traque de la même manière que dans le film.

 

Quand au mystérieux modèle n°2, bravo aux scénaristes. On ne comprend sa nature que quelques secondes avant son apparition. La simplicité reste toujours la plus efficace.

 

 

 

 

Planète Hurlante (Screamers)


1995 - Columbia Tristar

Réalisateur : Christian Duguay

Acteurs : Peter Weller, Jennifer Rubin...

Genre : Fantastique / Anticipation

 

Disponible en dvd et coffret avec l'opus 2

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